Il y a des signes qui ne trompent pas. Les positions exprimées par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ce week-end constituent un mauvais présage pour la stabilité d’une éventuelle alliance entre le PTr et le MMM.

Toute cohabitation entre eux sera une réunion des contraires, en dépit de l’alchimie qui lie les deux leaders. Nous sommes en présence de deux styles aux antipodes. L’un a la maîtrise du temps, l’autre a un tempérament impulsif. Comme dans la fable du lièvre et de la tortue.

Samedi, Ramgoolam a conseillé à ceux qui «envie galoupé, abé galoupé ». Il est clair qu’il s’adressait à son présumé futur allié qui, lui, est pressé de conclure une alliance et d’aller aux élections en tant que Premier ministrable. Rien ne sert de courir, sermonne Ramgoolam, comme pour prêcher la patience à Bérenger.

Le leader du MMM n’a eu de cesse d’annoncer la dissolution prochaine du Parlement et l’imminence des élections générales. Si le Premier ministre insiste publiquement qu’il n’a nullement l’intention de convoquer un scrutin anticipé, c’est qu’il ne cherche même pas à masquer ses différences avec Bérenger.

Le projet d’alliance PTr-MMM n’a pas capoté jusqu’ici parce que Bérenger a fait de considérables efforts d’ajustement. À la fois au Parlement et lors de ses conférences de presse, il donne le sentiment qu’il cherche avant tout à ne pas entrer en conflit avec Ramgoolam. Maintenant, si ses voeux sont exaucés et qu’une alliance PTr/MMM remporte un 60-0, acceptera-t-il sagement d’être sous la tutelle du leader travailliste ?

Bérenger Premier ministre n’aura pas besoin de jouer la prudence comme Bérenger le soupirant. Au pouvoir, il laissera filtrer ses ambitions. Les relations entre alliés seront forcément empreintes de méfiance. Chacun des deux principaux personnages du pays cherchera à couper l’herbe sous le pied de l’autre. On imagine la conséquence si, à chaque fois, le corbeau se fait berner par le renard.