Une confusion existe autour du sens de la démocratie depuis que l’opposition officielle n’assume pas son rôle constitutionnel. Depuis des mois, le MMM entretient avec la majorité un rapport ambigu et, de ce fait, pervertit le bon fonctionnement des institutions nationales. Étant donné la lointaine échéance électorale, il faut patienter longtemps pour voir le bout du tunnel. Entre-temps, la situation évolue pour le pire. Désormais, une absence du sens de l’État caractérise les dirigeants politiques.

Vendredi dernier, le Conseil des ministres ne s’est pas réuni bien qu’aucune circonstance exceptionnelle ne pouvait justifier la décision d’annuler la réunion de l’exécutif. Le gouvernement aurait voulu rompre avec les traditions de notre république et ses méthodes de gouvernance, qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

En somme, l’effritement des valeurs de démocratie se poursuit de façon inexorable : l’opposition se mue en faire-valoir des gouvernants, une institution centrale de la démocratie – le Parlement – est ébranlée et les ministres font sauter leur réunion hebdomadaire sans raison apparente.

Le sort réservé au temple de la démocratie est scandaleux. Prorogée après seulement quatre séances tenues en début d’année, l’Assemblée nationale s’est ensuite réunie pour voter un mini-amendement avant de s’octroyer de nouvelles vacances jusqu’en octobre. Paul Bérenger estime, lui, qu’il n’y a plus de scandale à Maurice !

Le mauvais exemple venant d’en haut, on peut craindre un affaiblissement général des institutions publiques si au sommet de l’État, les institutions ne sont pas respectées. Dans certains parapublics, dont la Beach Authority, la dégringolade semble déjà bien entamée.

Chez les politiciens, on a probablement touché le fond. Quand un leader de l’opposition affirme que tout baigne dans l’huile et que seuls les imbéciles et hystériques ne partagent pas son opinion, la dérive est totale.