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«Cet homme exemplaire»

11 août 2014, 07:38

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Si Paul Bérenger ne détenait pas un poste constitutionnel aussi crucial pour la bonne gouvernance de notre pays, on aurait sûrement dû, au nom de la salubrité publique, minimiser davantage, voire carrément ignorer, ses élucubrations relatives à une éventuelle alliance rouge-mauve. Tellement il dit tout et son contraire depuis ces derniers mois. Tellement, surtout, que l’on sait que ce n’est pas lui, mais bel et bien Ramgoolam, qui pourra mettre fin au «suspense politique» que le leader du MMM ne cesse d’alimenter.

 

Samedi, entouré de son assemblée de béni-oui-oui, il s’est remis en mode «on» et a avancé, en évitant soigneusement d’utiliser le mot «ultimatum», que le MMM se donne jusqu’au 31 août pour décider si oui ou non il contractera une alliance avec le PTr.

 

En attendant, il se livre à un difficile exercice : flatter quelques ministres (comme Lormus Bundhoo) et dénigrer d’autres (à l’instar d’Aimée et Mohamed) ; histoire de justifier son salaire comme leader de l’opposition tout en préparant le terrain pour un rapprochement avec les purs sucres du PTr dans l’éventualité d’une cohabitation future.

 

Outre ces incohérences, ceux qui commentent nos actualités politiques – de véritables «hystériques», selon Bérenger – ne peuvent que noter le fait que le leader du MMM ne commande plus, du moins comme avant, le respect et la crainte parmi ses pairs. Ses proches lieutenants ont été plusieurs fois choqués, depuis le début de cette année, de la virulence grandissante avec laquelle les délégués mauves se permettent d’interpeller le leader  historique, que ce soit au sortir du BP mauve à Ambrose ou lors de l’assemblée de délégués à Belle-Rose. Le rejet du choix de Raouf Gulbul par la régionale du no 3 en est une autre illustration.

 

Face à Bérenger, il y a deux hommes aux tactiques différentes. Primo, le Premier ministre qui, après avoir fait éclater le Remake, laisse le leader du MMM se tirer plusieurs balles dans le pied, tandis que, lui, il ne dévoile pas son jeu. Valeur du jour, personne ne peut certifier si Ramgoolam présentera le Budget à la mi-novembre et s’il dissoudra, ensuite, le Parlement pour aller aux élections. Il ne veut pas «galouper» comme l’autre.

 

Pour sa part, sir Anerood, qui pousse pour une lutte à trois, tend à rappeler, de plus en plus, le contexte socio-économique difficile de 1982. Le vieux routier sait pertinemment ce qu’il fait. Car en cette année 1982, alors que le MMM était accusé par les caciques travaillistes d’être anti-hindou, pro-communiste et anti-religieux, Anerood Jugnauth a été brandi par les mauves pour rassurer la majorité rurale. Dans le livre «Le Premier ministre du Changement» (édité en 1982, avant les élections générales), Bérenger avait pris sa plus belle plume pour écrire, en guise d’introduction, à cet ouvrage dithyrambique : «(…) tout au long de sa vie publique, Anerood Jugnauth a lutté contre la corruption sous toutes ses formes, et la corruption morale et politique avant tout.» Et en conclusion, Bérenger a rajouté une couche : «(…) C’est entre les mains de cet homme exemplaire que se trouvent toutes les garanties dont a besoin notre pays en termes d’indépendance nationale, de démocratie, de progrès et d’avenir.» Trente-deux ans après, Bérenger croit qu’en substituant, une nouvelle fois, le nom de sir Anerood par Navin Ramgoolam, le peuple admirable va l’applaudir…