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Mal profond ?

11 août 2014, 17:13

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La résilience souvent évoquée par nos dirigeants pour qualifier l’économie mauricienne a été constamment mise à mal depuis l’éclatement de la crise globale. Outre l’érosion continue de la croissance économique, nous avons aujourd’hui des entreprises fonctionnant à deux, voire à plusieurs, vitesses au sein de l’écosystème local.

 

Il n’y a qu’à voir le nombre d’entreprises qui sont placées sous administration ces jours-ci pour s’en rendre compte. La crise a peut-être été le détonateur poussant des enseignes comme Pizza Hut, le Groupe Apavou, la Mauritius Stationery Manufacturers ou encore Le Meritt Holdings au bord du gouffre, mais elle n’est certainement pas le seul facteur à blâmer. Sinon, comment expliquer que d’autres entreprises, pas nécessairement des fleurons de la place, arrivent à maintenir la tête hors de l’eau malgré les difficultés du moment.

 

Une analyse des chiffres publiée récemment par le Top 100 Companies permet, en effet, de découvrir une grande disparité au niveau opérationnel entre entreprises du même créneau. Cette tendance, nous la retrouvons dans plusieurs secteurs d’activité, à l’instar de l’hôtellerie. Selon le Top 100 Companies, New Mauritius Hotels est le leader de l’industrie hôtelière à Maurice. Toutefois, le chiffre d’affaires du numéro un de l’industrie a accusé une baisse de 4% durant l’année financière se terminant au 30 septembre 2013. Les profits du groupe ont aussi été réduits. En revanche, Lux Island Resorts, qui arrive en troisième position dans le classement des hôtels, a généré des profits de Rs 145 millions contre Rs 14 millions un an auparavant.

 

Les bilans financiers, qui sont publiés actuellement, caractérisent également cette évolution contrastée. La semaine dernière, Constance Hotels Services a déclaré des profits nets de Rs 175 millions pour les six mois se terminant à la fin de juin 2014, contre des pertes de Rs 88 millions lors de la période correspondante en 2013 tandis que Sun Resorts a annoncé des pertes de Rs 121 millions au premier semestre de cette année.

 

L’industrie du textile présente aussi des cas similaires, avec des performances en dents de scie. Si certaines compagnies affichent des résultats plus que satisfaisants dans la présente conjoncture, d’autres, par contre, subissent non seulement les effets de la crise, mais font aussi les frais de mauvais choix stratégiques. D’ailleurs, sur les 22 entreprises de ce secteur recensées dans le Top 100 Companies, seulement onze ont présenté des profits. Là encore, très souvent une importante partie des bénéfices est réalisée par les opérations à l’étranger.

 

Face à une résilience qui s’étiole, il n’est pas étonnant de constater que les compagnies locales sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers les cabinets comptables pour une restructuration. La demande en ce sens émanant du secteur corporatif a d’ailleurs augmenté depuis le début de l’année. Les firmes comptables soulignent que c’est le secteur manufacturier qui est en première ligne pour ce qui est des initiatives de restructuration, suivi de l’hôtellerie et de la construction. Ce qui témoigne de la pression qui pèse sur les entreprises locales mais en même temps d’une certaine volonté de rechercher un nouveau souffle à travers la restructuration.

 

Nous pouvons établir un parallèle entre la situation dans le milieu des affaires et celle de l’économie nationale marquée par une baisse de croissance, un investissement anémique, une dette publique en progression et un déficit chronique du compte courant. D’ailleurs, c’est à se demander si les symptômes dans les deux cas ne sont pas porteurs d’un mal plus profond. Malheureusement, l’incertitude politique qui continue de planer sur le pays avec l’opposition et le gouvernement cherchant toujours à conclure une alliance laisse peu de place à une réflexion nationale sur les dangers qui nous guettent. La pire des choses qui puissent arriver dans la conjoncture actuelle serait d’avoir un budget électoraliste qui fait fi des défis auxquels nous sommes confrontés.