C’est bien connu, en période électorale, les promesses les plus farfelues sont balancées. Les respecter, c’est une tout autre paire de manches. Mais à l’ère de la communication tous azimuts, on met souvent, hélas, la charrue devant les boeufs.

Il est question ici de Louis van Gaal qui, à son arrivée au poste de nouveau cuistot en chef d’Old Trafford, avait prévenu qu’il se donnait trois mois pour apporter les changements nécessaires à la maison mancunienne. Tiens, on dirait le lointain écho local d’un certain «100 jours pou change ou la vie…»

Mais les 6 victoires en 6 matches de l’intersaison avaient créé une certaine euphorie autour du club poussant certains à rêver du titre prématurément. Du coup, pour le match inaugural de la nouvelle saison de Premier League, une foule sentimentale s’était massée, samedi dernier, dans le fief de Manchester United, avec un même idéal : voir les Red Devils renaître de leurs cendres, tel le phénix.

Mais quelle ne fut pas la surprise de voir sieur Van Gaal patraque et se prendre la tête au coup de sifflet final après le succès de Swansea, 1-2. MU n’avait jamais perdu un match inaugural de championnat depuis 1972 ! Eh oui, la rédemption mancunienne ne sera pas aussi simple...

Hier accueilli en messie, ce matin Van Gaal attise déjà quelques suspicions. La déception de la saison passée a été si grande que les supporters ne veulent pas se faire leurrer une deuxième fois. Une défaite ce n’est pas si grave, mais la manière interpelle.

Car si Van Gaal était au top pendant la Coupe du monde 2014, sa rigidité et son système en 3-5-2 n’inspirent pas (encore) un optimisme débordant dans le contexte de la Premier League. Surtout avec Ashley Young en arrière gauche ou Chris Smalling en défense centrale…

Pour redevenir un vrai prétendant au Big Four, MU doit faire sa mue. Il est clair et net que cette équipe a besoin de trois ou quatre nouvelles recrues pour redevenir compétitive. Or, Hummels n'a pas quitté Dortmund, Vidal est bloqué, Di Maria, ça coïnce, la Fiorentina affirme que Cuadrado reste en Italie. Comme la saison dernière, United semble moins séduisant qu’avant sur le mercato. Sans compter le départ de trois piliers (Ferdinand, Vidic, Evra) et les blessures (dont le renfort Luke Shaw, pas opérationnel avant mi-septembre !).

Louis van Gaal est suffisamment bien placé pour savoir que sans résultats il ne réussira pas sa révolution, quelle que soit sa notoriété. Têtu comme une mule, compte-t-il ranger son schéma de jeu de prédilection (3-5-2) au placard le temps de remettre de l’ordre dans la maison ? Comme les deux nouveaux de la Ligue 1, Marcelo Bielsa à Marseille et Leonardo Jardim à Monaco, LVG a peut-être sous-estimé l’ampleur de sa tâche et le niveau de la concurrence à laquelle il devait faire face.

Si on attend trois mois pour savoir si LVG «is the right man at the right place» sans se poser de questions, il risque d’être trop tard. Le prochain Sunderland-Manchester Utd, dimanche prochain, sera bien plus qu’une simple promesse électorale.