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Autre perspective
À ce stade, la grande alliance MMM-PTr n’aura dévoilé que certains détails qui concerneront les relations de travail entre ces deux partis. De ce qui nous intéresse, nous, électeurs, citoyens, vraiment pas grand-chose... Je ne sais pas si cela est voulu, mais, psychologiquement, le message qui passe, c’est que ce qui compte, ce sont les politiciens et comment ils s’accommoderont mutuellement et que la nation est presque un «afterthought». Je ne peux pas croire que ce soit là du très bon PR. La seule façon de faire oublier cet impair c’est de s’assurer, au moment de la publication du programme «formidable» que l’on nous réserve (22 septembre dit-on ?), que ce soit véritablement exceptionnel et que l’attente en vaille vraiment la peine !
On verra ...
En attendant, les premiers commentaires qui fusent se focalisent souvent sur le partage des pouvoirs entre le président et le Premier ministre (PM) sous la IIe République et s’arrêtent au fait que Navin Ramgoolam va concentrer la plupart des pouvoirs entre ses mains : dossiers de l’Intérieur, de la police, de l’ICAC (Serious Fraud Office – SFO ?), des Affaires étrangères, nominations du commissaire de police, du gouverneur de la BoM, du «board» et du DG de la MBC, etc. Ce qui souligne, en effet, que de gros pouvoirs migrent au Réduit et que par rapport au PM actuel, le nouveau PM sera plutôt dépouillé, à part son rôle comme chef des ministres pour appliquer et exécuter la politique gouvernementale.
Mais pour être juste, quelle était, en état de fait, l’alternative ? Une alliance de ces mêmes partis dans la configuration actuelle aurait, logiquement, mené à un PM rouge détenant TOUS les pouvoirs et un vice-PM mauve n’en détenant AUCUN. La nouvelle configuration, par contraste, n’est donc pas tant l’éviscération de Bérenger, mais peut être perçue comme un réaménagement où le vice-PM de la configuration actuelle devient... le chef des ministres du cabinet sous la IIe République. C’est quand même un bien meilleur «équilibrage des pouvoirs» qu’un vice-PM «pour la forme»... et qui fait l’intérim seulement quand l’autre prend l’avion.
Ce qui peut plus prêter à interrogation, à ce stade, par contre, c’est d’abord le manque de corrélation entre les mandats du Parlement (5 ans) et de la présidence (7 ans). J’imagine que l’inspiration vient d’ailleurs, mais la cohabitation, ce n’est pas tous les jours la joie ! Demandez donc à Obama avec son Sénat dominé par les Républicains ou aux Français (Mitterrand président – Chirac PM, 1986-88 ; puis Mitterrand président – Balladur PM, 1993-1995 ; et enfin Chirac président – Jospin PM, 1997-2002). Vous nous croyez assez mûrs pour cela ? Pourquoi pas un quinquennat présidentiel, ce qui aurait le mérite d’être plus clair ? Même la France, pourtant inventeur du septennat, l’a sabordé en 2000, pour privilégier le quinquennat ....
D’autre part, si le président a autant de pouvoirs «exécutifs» concentrés entre les mains, à qui rendra-t-il des comptes, dans certains cas, ce qui est quand même la moindre des choses en démocratie ? On peut estimer que les ministres (rouges pour commencer...) des Affaires étrangères, de l’Intérieur... resteront les conduits privilégiés pour répondre à la nation à travers le Parlement (encore qu’un 60-0 n’arrangera pas les choses), mais à qui répondra la présidence pour ce qui pourrait se passer à la MBC ou au SFO ? Ce rôle-là sera-t-il dévolu à l’opinion publique, un peu comme en France où le président s’explique à la nation par journalistes interposés et serait-ce là une autre raison de faire entériner la «Freedom of Information Act» ? Ou s’attend-on à ce que le Parlement canalise toutes les questions destinées à ce qui relève de la présidence ?
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