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Fusion d’alliances ?
Deux conférences de presse politiques hier, pour deux blocs s’opposant. Mais à y regarder de près, seules les couleurs des banderoles changent, les lieux restent similaires. Pour la première, dans un hôtel à Ébène (et non à Clarisse House), comme pour souligner que c’est une fonction politique et non gouvernementale, les journalistes avaient rendez-vous avec le Premier ministre (avant son décollage) et l’ancien leader de l’opposition (qui ronge ses freins). Comme toujours, ils n’ont pas eu toutes les réponses recherchées. Les champions de l’esquive ont choisi d’utiliser le sourire et non la menace – une tactique qui passe mieux à la télé. Quant au suspense (intenable pour certains qui ont déjà fait des crises de nerfs) entourant la liste des candidats et le calendrier politique, il durera jusqu’au retour de Navin Ramgoolam. La seule date qui a été confirmée, hier, c’est celle du grand meeting conjoint prévu pour le 12 octobre. Paul Bérenger, précautionneux dans ses propos, a quand même parlé d’un super ministère pour Reza Uteem, pour calmer un jeu communal. Le leader du MMM a aussi annoncé la visite des experts de la Banque mondiale sur l’énergie, et a fait un appel du pied aux marchands ambulants et aux syndicalistes, deux puissants groupes d’agents politiques. Non, ce n’est pas un mélange de genres. Bérenger n’est plus dans l’opposition, même s’il n’est pas encore au gouvernement. Il est dans l’entre-deux.
Quelques heures après, ce sont les trois leaders de l’Alliance «Lepep» – qui n’a du peuple que le nom au vu des candidats potentiels – et sir Anerood qui rencontraient la presse au Labourdonnais pour répondre à l’autre alliance. Accusant un retard sur l’autre bloc, ils sont passés à la vitesse supérieure (faisant fi des radars) en annonçant eux aussi un meeting pour le 12 octobre et en faisant des promesses sur les dossiers impopulaires : le permis à points, les «speed cameras» et les cartes biométriques seront revus ! C’est bien plus attirant qu’un éventuel retour de Vishnu Lutchmeenaraidoo, brandi comme le ministre des Finances du peuple, à l’opposé de son cousin, Rama Sithanen, étiqueté d’ultralibéraliste, proche du secteur privé, pourtant issu du petit peuple... Aucun mot, en revanche, sur le parent Ashock Jugnauth qui s’en va rejoindre les Rouges dans une ultime tentative de détruire l’empire soleil.
C’est quand même déplorable que les deux blocs, au-delà de leurs discours, vont continuer à fragmenter, sans honte aucune, l’électorat pour mieux profiter du système électoral. Pas question pour eux donc de renoncer à leur appartenance communale – comme l’autorise désormais la loi – car ils veulent tous profiter des sièges de Best Losers.
Finalement, entre sir Anerood, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, Xavier Duval, Pravind et Ashock Jugnauth, et tous leurs suiveurs, il y a davantage de similitudes dans leurs méthodes et discours que de différences. D’où la difficulté de voter pour un camp ou l’autre. De toute façon, il n’y a aucune garantie qu’ils ne vont pas tous fusionner par la suite au nom de «l’intérêt supérieur de la nation». Ils seraient tous assurés d’être au pouvoir, puisque cela les préoccupe davantage que le peuple, n’en déplaise à leurs slogans. Ce serait peutêtre mieux d’ailleurs, comme cela il y aura un écrémage, et, enfin, de la place pour les vraies idées et sang neuf…
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