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Modèle obscur

3 octobre 2014, 06:42

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Un exécutif, deux têtes. Ce système de gouvernance, préconisé par l’alliance PTr-MMM, soulève de nombreuses questions. Des incertitudes majeures subsistent autour de la répartition des rôles dans un tel système bicéphale. La confusion règne parce que les deux leaders font attention de ne pas donner des détails sur le mode de fonctionnement de la deuxième République projetée.

 

Par exemple, ils ne sont pas explicites au sujet de la présidence du conseil des ministres. Selon l’accord conclu entre les deux partis, Navin Ramgoolam présidera aux délibérations du conseil quand il le voudra. Et s’il éprouvait cette envie chaque semaine, que se passera-t-il ?

 

De même, on ne sait pas devant qui le président sera responsable même s’il disposera de pouvoirs exécutifs importants. Contrairement aux ministres qui ont des comptes à rendre au Parlement, le président échappera à tout contrôle bien qu’il aura la tutelle des Affaires étrangères et détiendra de vastes pouvoirs de nomination.

 

De nombreuses interrogations demeurent. En attendant d’y voir plus clair, il serait utile de revenir en arrière pour comprendre les motivations réelles de Navin Ramgoolam. Citons, en particulier, des propos qu’il a tenus le 11 juillet 2012 à Plaisance pour justifier l’instauration d’une deuxième République. «Fer mwa vinn prezidan ek pouvwar ek mo sanz tou.» Il dénonçait notamment les procédures qui, selon lui, freinent l’exécution de projets publics.

 

Il fit le même plaidoyer en faveur d’un système présidentiel quand, le 21 mars 2009, à Triolet, il affirma qu’à Maurice, il faut passer par le Cabinet, le State Law Office, etc., avant de prendre une décision. Le système est trop lourd et cela rend les choses compliquées, s’insurgea-t-il. D’où son désir d’obtenir une majorité de trois quarts pour «changer le système».

 

Navin Ramgoolam n’a jamais fait mystère de son penchant pour le modèle présidentialiste chinois. Mais quand les organes de contrôle et les «checks and balances» disparaissent, l’on n’approfondit pas la démocratie. On la dénature.