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Exigeons un contrat d’engagement

13 octobre 2014, 05:39

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Est-ce que le peuple admirable sacrifiera son dimanche pour se rendre aux deux rassemblements qui font office de match psychologique du jour ? Est-ce que le peuple admirable contribuera à faire pencher la balance de la guerre des foules d’un côté en répondant docilement à l’appel des deux principaux blocs politiques aujourd’hui ?

 

Entre le message de Patrick Assirvaden qui demande «fode ki pena plas pou marse dan lafoul» et sir Anerood Jugnauth qui a exhorté ses partisans à se déplacer pour «montre ki nou pli for», il n’a échappé à personne que l’enjeu de ce dimanche, qui marque officiellement le début de campagne, réside en un jeu de rapports de force. D’ores et déjà, nous pouvons prévenir qu’à la manière des lendemains des meetings du 1er Mai, les principaux leaders des deux alliances se flatteront d’avoir remporté la guerre de cette mobilisation dominicale.

 

Cela dit, nous constatons que malgré l’appel lancé aux Mauriciens pour se rendre ce matin à Quatre-Bornes et à Vacoas, ni l’alliance PTr-MMM, ni l’Alliance Lepep, les deux formations qui prétendent vouloir nous diriger, n’a jugé utile de présenter ses programmes (on salue ici ces partis dits petits : Lalit et ces autres qui ont révélé leur programme en premier) qui semblent moins importants qu’une démonstration de force. Jusqu’ici, l’on constate aussi qu’il semble indispensable de critiquer, voire dénigrer, l’adversaire que de proposer des débats d’idées.

 

Comme quoi, les élections se suivent et se ressemblent, car on a beau chasser le naturel démagogique et hypocrite, il revient méchamment au galop chez nos politiciens qui doivent vraiment nous prendre pour des imbéciles en se permettant d’utiliser un langage d’un autre temps. Ainsi donc, on aura vu Pravind Jugnauth traiter Rama Sithanen de «poison», alors que Bérenger – dont on aurait apprécié une certaine hauteur de la part d’un candidat au fauteuil de Premier ministre – a illustré à quel point les amitiés sont conjoncturelles en politique, avec ses propos sur un de ses anciens candidats aux législatives 2010, Vishnu Lutchmeenaraidoo, avec qui il partageait ses repas de midi jusqu’à tout récemment : «Je déjeunais avec lui toutes les semaines par compassion. Je me demande s’il ne faudrait pas lui demander de rembourser les notes. Personne au MMM ne le prenait au sérieux (…) C’est un faussaire jusqu’au bout des ongles.» Rien que ça !

 

C’est dire à quel point il aurait été salutaire pour notre pays d’avoir une charte électorale de bonne conduite, signée par nos politiciens pendant cette campagne. D’ailleurs, outre l’obligation d’avoir cette charte-là, nous, les citoyens, serions très inspirés en exigeant un contrat écrit sur les engagements de la part de ceux qui aspirent à remporter les élections. Oui, réclamons un pacte écrit, comme cela se fait ailleurs, pour qu’on arrête de nous faire de fausses promesses, façon «un pays phare», «bizin vre sanzman». Car de tous les côtés aujourd’hui, on nous dit ce qu’on veut entendre et on nous promet de belles mesures pour le pays : s’ils sont élus, ils vont faire reculer la pauvreté (on verra combien d’entre eux délaisseront leurs circonscriptions au profit d’une visite dans les différentes poches de pauvreté de l’île vendredi prochain, Journée mondiale du refus de la misère), il y aura l’instauration d’un salaire minimum, l’approfondissement de la démocratie (sans Freedom of Information Act et télé privée, cela ne reste que des mots creux), l’économie sera relancée, le problème de chômage qui gagne du terrain chez les jeunes diplômés sera réglé.

 

À ce propos, avez-vous vu les yeux doux de ces leaders des deux blocs principaux envers les jeunes, ceux-là qui représentent, semble-t-il, l’avenir, mais qui restent une denrée rare sur les listes électorales ? Alors, disons non aux paroles qui s’envolent. Car nous savons quelle valeur ils accordent à leurs paroles pour bénir aujourd’hui ce qu’ils ont honni hier. Et réclamons des actes à travers un engagement écrit, un contrat avec le peuple pour que demain, nos politiciens ne soient pas frappés d’amnésie. Exigeons ! C’est notre droit !

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