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Coups tordus
Il est des propos à ne pas prendre à la légère. C’est pourquoi il faut réagir aux commentaires faits par Navin Ramgoolam, dimanche dernier, sur les problèmes de santé de son adversaire politique, Ivan Collendavelloo.
Aborder des détails de nature personnelle en public et en faire un argument politique constituent un acte outrageant pour l’électorat. Il convient de condamner ce comportement indigne. Surtout que nous ne sommes qu’en début de campagne et les risques d’une dégradation progressive sont réels.
Il vaut mieux tirer la sonnette d’alarme maintenant. Sinon le point de non-retour est vite franchi et les politiciens se mettront avec délectation à déballer sur la place publique des faits privés qui n’ont rien à voir avec le choix électoral des citoyens.
Le discours politique vient de dépasser les limites de la bienséance. Aucune instance officielle n’a pris position sur la question. Or, pour faire respecter les normes de la décence, il existe, dans les démocraties de référence, des commissions de surveillance électorale. Celles-ci rappellent à l’ordre les politiciens incivils et sanctionnent les dérapages les plus grossiers. À Maurice, en l’absence d’une commission dotée de telles attributions, il revient à l’opinion publique de signaler aux candidats que tous les coups ne sont pas permis dans une campagne électorale.
Dans le passé, les coups les plus tordus ont été l’oeuvre de la MBC. Anticipant des problèmes de santé des dirigeants de l’opposition, des opérateurs de la station ont quelques fois tenté de saisir dans le champ de vision de leurs caméras une éventuelle défaillance des personnages ciblés.
Les partis politiques doivent recentrer leur campagne sur les enjeux de fond. Ils apporteront un éclairage utile s’ils discutent des mérites comparés des candidats et de leurs programmes. Cela ne dérangera personne si les politiciens tiennent des propos parfois vifs, mais il est inacceptable qu’ils abordent sur des caissons de camion des faits strictement privés. De même, il est indigne de tirer un capital politique de la santé d’un adversaire.
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