Publicité

Petit calepin politique

24 octobre 2014, 00:41

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Petit calepin politique

Parcourir la presse ces dernières semaines nous rappelle un fameux commentaire de François Bayrou à propos des centristes en France : «Les rassembler, disait-il, c’est comme conduire une brouette pleine de grenouilles : elles sautent dans toutes les directions !»

 

Nos grenouilles à nous ne sont pas seulement centristes, mais s’appellent aussi «batyaras», «vendères» ou «rodères boutes» et sautent aussi dans toutes les directions, généralement dépitées (Tiens !) par quelque attente déçue. Car les grenouilles, c’est bien connu, se «voient» souvent bien comme candidats, députés ou même ministres et ont la désagréable surprise de se réveiller un beau matin, ressemblant non pas au boeuf qu’on aspirait être (Tiens ! Il a des cornes celui-là...), mais à un petit palmipède sautillant, batracien pour tout couronner, à la peau humide et au coassement pathétique.

 

Allons, messieurs ! Quand vous êtes déçus, un peu de dignité, si vous le voulez bien !

 

La date des élections n’est toujours pas connue. La liste des candidats non plus. Les manifestes se font attendre, mais les promesses électorales s’accumulent sans jamais être quantifiées. C’est, paraît-il, pour notre bien, puisque les autres pourraient «copier-gorer». Des meetings nationaux ont eu lieu et le moins que l’on puisse dire, c’est que le gagnant c’est le… drone ! Des réunions électorales de quartier s’organisent dans une certaine confusion et sans toute la conviction, puisque les «candidats» ne sont pas sûrs d’avoir même un parachute en fi n de compte… L’ambiance qui en résulte rappelle ce que l’on a appelé une «drôle de guerre» : elle est déclarée, c’est sûr ; on s’insulte, c’est confirmé, mais les armées n’ont pas encore entamé leurs plans d’attaque, sauf pour les rassemblements du 12 octobre, que l’on peut qualifier maintenant de «manoeuvres militaires».

 

Il est quand même utile de rappeler, à ce stade :

• qu’il est hasardeux de tirer des conclusions des meetings nationaux du 12 octobre, car deux foules qui s’ajoutent à moins de 10 000 personnes ne pèsent vraiment pas lourd par rapport à... 937 000 électeurs. En fait, cette fin de mois, il y aura bien plus de monde qui passera à Bagatelle !

• que dans un pays où les gens ont souvent peur de montrer leur couleur politique (ce qui est, en passant, une claque magistrale à notre prétendue démocratie et à ces leaders qui en sont responsables !), il est tout de même rassurant de voir des réunions politiques bondées où les gens se laissent voir et filmer, surtout quand ils s’affichent avec l’opposition. Cela relève de la santé électorale du pays et c’est tant mieux ! Être licencié quand on se fait photographier dans une réunion PMSD, par contre, c’est moche. Comme c’est d’être employé seulement parce que l’on est d’un parti politique, d’ailleurs...

• que, arithmétiquement, l’alliance PTr-MMM représente, mettons, 80 à 85 % des voix exprimées lors de la dernière élection en 2010 et qu’il serait surprenant, dès lors, si ce n’était pas ce bloc de votes-là qui se voyait éroder… Vous imaginez le bloc de vote MSM (5 % ?), PMSD (4 %), ML (? %) se faisant raser d’encore plus près ? On en serait arrivé au sous-cutané et ce ne serait vraiment pas joli à voir…

• que, généralement parlant, c’est le parti en place qui bénéfi cie du dividende du pouvoir. Cependant, cette année-ci, au-delà des kilomètres d’asphalte traditionnels, être au pouvoir n’est pas aussi simple, distraits qu’ils sont par les menaces de grève au transport et dans le sucre, les tripartites salariales, la nervosité autour de la distribution d’eau, la visite indienne pour le métro, et les difficultés de faire du neuf avec 30 vieux chacun. Pour l’heure, l’initiative est à l’opposition (ce qui ne veut nullement dire que toute la presse a été «achetée» pour Rs 100 millions, comme le prétendent les malfaisants de service), mais rappelons, toutefois, comme M. de La Fontaine que : «Rien ne sert de courir, il faut…».

 

Le niveau des interventions, les coups bas, les insultes, l’absence de débats sur les vrais défi s et enjeux du pays confirment malheureusement que la grosse majorité de nos politiciens pensent qu’il n’y a qu’une minorité de gens intelligents dans le pays et qu’eux font donc campagne… pour les cons !

 

Mais faisons attention ! Car, pour paraphraser Cohn Bendit, si les politiciens que nous avons en choix sont capables du meilleur comme du pire, les cons, que  nous sommes, sont encore capables de décider qui sont les meilleurs dans le registre du pire !