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Bread and Butter Issue
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Bread and Butter Issue
Il n’a échappé à personne que depuis l’annonce par l’alliance Lepep le 12 octobre de l’augmentation de la pension de vieillesse à Rs 5 000, les bénéficiaires ne font que s’en réjouir.
Depuis, c’est le buzz à la radio, sur les réseaux sociaux, dans la presse et dans d’autres forums. C’est l’évidence même d’une société qui a perdu le sens de la mesure.
On peut certes critiquer l’irresponsabilité de l’alliance de l’opposition d’avoir jeté en pâture une proposition qu’elle savait pertinemment bien ferait rêver les pensionnés même si son application resterait problématique.
Mais la réalité est tout autre. Elle touche aux poches d’une composante de la population qui vit majoritairement de ces pensions non contributives. Dès lors, toutes les explications les unes plus rationnelles que les autres, liées au vieillissement de la population, au fardeau financier d’une prestation sociale qui deviendra à terme insoutenable, ne trouvent pas grâce auprès de ces bénéficiaires.
Car comme en 2005 avec la gratuité du transport en commun pour le 3e âge, cette promesse électorale touche un électorat dont le comportement de vote peut faire la différence
dans un scrutin populaire. Dans sa dernière édition, le magazine Weekly indique que cet électorat représente une moyenne de 12,7 % des électeurs du pays, soit presque 116 000 potentiels votants répartis dans toutes les circonscriptions du pays. Un bassin électoral non négligeable que l’opposition souhaite exploiter.
Même si les dirigeants de l’alliance gouvernementale tentent aujourd’hui par tous les moyens de démolir cette proposition, rappelant son caractère démagogique, ils savent que cette promesse a eu l’effet escompté auprès d’une partie de l’électorat. Ils sont visiblement coincés car offrir mieux équivaudrait à légitimer ce bribe électoral qu’ils décrient actuellement. Ne rien faire laisserait en revanche filer doucement un électorat vers l’opposition.
On ne cessera de dire que dans une campagne électorale, c’est la capacité de séduire avec des propositions éminemment populaires, qui touchent aux poches des gens moyens qui très souvent peut attirer l’adhésion de la masse. Anerood Jugnauth a eu au moins le mérite d’annoncer une série de mesures, discutables ou pas, qui fait réfléchir et rêver toute la population. Mais dans une guerre de nerfs, celui qui surprend en premier est susceptible d’influencer l’imaginaire populaire de l’électorat.
L’alliance PTr-MMM tente actuellement de faire rêver les jeunes en pensant créer 12 000 à 15 000 emplois par an. C’est la réponse du berger Sithanen à la bergère Lutchmenaraidoo.
Saura-t-il créer le déclic ? L’avenir nous le dira Aujourd’hui, la population n’a cure des grandes théories économiques sur la crise. Entraînée malgré elle dans une société de consommation, elle veut savoir comment son pouvoir d’achat va augmenter, combien d’argent elle va pouvoir économiser quand elle aura réglé toutes ses dépenses de fin du mois, comment les jeunes pourront enfin goûter aux plaisirs d’un premier emploi. Bref pouvoir aspirer à une vie meilleure.
Hier comme aujourd’hui, on aura compris que c’est le «bread & butter issue» qui motive les électeurs. À Maurice comme dans d’autres démocraties du monde. Pas de slogans, souvent creux, qui ne veulent rien dire.
En 2004, Atal Bihari Vajpayee n’a pas survécu à la vindicte populaire malgré son «Shining India» et l’émergence d’une classe moyenne visiblement fortunée. Il aura oublié les agriculteurs et la masse laborieuse abandonnés au bord de la route…
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