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Avoir bon dos

2 octobre 2014, 07:58

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Avoir bon dos

Mais qu'est-ce qui peut bien se passer dans la tête de quelqu'un quand, en pleine  campagne électorale, il ne parle ni de son projet de société, ni trop de celui de l'adversaire et qu'il se focalise surtout sur les individus qui forment le parti principal qu'il confronte, ainsi que sur ceux qui relaient certains des propos de ces adversaires ?

 

Analyse.

 

Pour beaucoup de politiciens, ce qui semble primordial, c'est d'être populaire et, a fortiori, d'être aimé. Etre respecté ne semble pas être aussi important au vu des acrobaties de parcours dont notre faune politique a été capable durant ces dernières législatures. Or, faut-il l'admettre, l'électorat, du moins celui qui va peupler les réunions de quartier, les «congrès» ou les meetings, ne semble pas très friand de «programme» détaillé, de principes et donc des ingrédients vitaux de lendemains meilleurs. Il semble, par contre, beaucoup plus preneur de promesses populistes, de «boutes» divers et de la jouissance instantanée qui découle du spectacle d’adultes qui s'invectivent et se détruisent joyeusement les uns les autres, souvent avec des formules qui accrochent puisqu'elles émergent de la gouaille populaire même. Traiter son adversaire de «gopia», promettre une augmentation de la pension de vieillesse sans expliquer comment, jubiler avec «Vire mam» ou «Papa, pitaye», et casser les médias qui donnent une couverture à l'adversaire rassemblent ainsi les applaudissements et les cris approbateurs qui plaisent à ceux qui sont au micro, mais réalisent-ils seulement qu'ils sont souvent devant... une chambre d'écho et qu'ils prêchent sinon à des convaincus, du moins à des électeurs prédisposés à être favorables, à défaut d'avoir déjà été favorisés ? Le combat politique ne consisterait-il plus à convaincre ceux qui ont des doutes ou des questions, au motif que l'on a, dans ces moments-là, en face de soi, des sceptiques, des dubitatifs, voire des personnes hostiles, plutôt que des «fans» ?

 

En cette circonstance, à quoi cela sert-il de «casser» les médias et les journalistes indépendants (alors que la MBC devient inattaquable !) ? Si un journal ou une radio montre un parti pris évident, systématique, mais non rendu explicite pour un parti, il y a certes faute puisque ce média pourrait, sous couvert d'une neutralité affichée, être en train de faire un sale travail délibéré de sape ou de propagande – ce qui équivaut à de la malhonnêteté intellectuelle. Cependant, si ce n'est pas le cas, le politicien de caisse de savon s'attaque alors délibérément à la crédibilité même de ce média, parce qu’il est mal à l'aise par rapport à ce que l'opinion «crédible» de ce même journal pourrait lui faire comme tort ! Un exemple : en rapportant, sous le surtitre explicite de «Bruits de campagne» et sous un titre comportant un point d'interrogation dubitatif, que M.  Collendavelloo «croit savoir» que M. Rama Valayden sera aligné comme colistier de M. Bérenger au numéro 19 prétendument parce que le «vent tourne», ce dernier monte au créneau et tente de discréditer le journal en question. Il s'agit de «l'express». Cette «nouvelle» de 13 lignes sur une colonne est quand même mise en contexte puisqu'elle rapporte l'avis contraire de M. Valayden lui-même ainsi que celui de M. Nagalingum que M. Valayden devait remplacer.

 

Pourquoi alors un éventuel Premier ministre du pays choisit-il de perdre son temps avec une telle «nouvelle», plutôt qu'avec ce qui faisait la Une de «l'express» ce jour-là, c'est-à-dire son avis, sûrement autorisé, que l'industrie sucrière est «en danger de mort», sujet autrement plus sérieux ? En effet, soit c'est vrai, dans lequel cas il sera bien coincé, soit c'est faux, ce qui est probable, dans lequel cas son adversaire se sera pendu de lui-même avec son ragot. éviter de rapporter les propos de politiciens au motif que cela pourrait être, un jour, faux, encombrant etc., n'est vraiment pas une option, n'est-ce pas, mam ?

 

Est-ce donc si utile de tenter de décrédibiliser du journalisme de bonne foi, anticipant de ce fait que notre journal aura quelque critique valable à faire à son endroit ? Aurait-on, à ce point, mauvaise conscience ? Ou est-ce la manière non subtile de détourner l'attention des dérivés potentiels de la Une ?