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L’affront
Paul Bérenger dans ses oeuvres : «Nous pé prend note de so banne exploit.» On ose à peine croire que ces menaces visant le DPP ont été proférées par un personnage qui aspire à devenir Premier ministre. Pourtant, ces propos irresponsables ont bien été tenus mardi soir par le leader du MMM lors d’un meeting à Roche-Bois.
«Nous pé guette bien banne décisions DPP, nous pé suive bien so banne exploits de ces derniers temps», renchérit-il sur un ton à la fois moqueur et intimidant. C’est un affront fait à une institution importante de la République. Si c’est le DPP, détenteur d’un poste constitutionnel, qui est attaqué aujourd’hui parce que le leader du MMM s’estime contrarié, chacun peut se demander à qui le tour bientôt ?
Ce n’est pas l’appel interjeté par le DPP dans l’affaire Ajay Gunness qui a provoqué le courroux de Paul Bérenger. À l’origine de sa sortie colérique se trouve un article académique paru sous la signature du DPP sur le thème de l’immunité du président dans le système mauricien. Celui-ci soutient, dans l’article, qu’en démocratie nul n’est au-dessus de la loi, ni même le président.
L’analyse du DPP est opportune et peut servir de guide à ceux qui élaborent en ce moment les fondements d’une deuxième République. Mais sa réflexion hérisse Paul Bérenger. «Astère la li alle découvert l’Amérique», dit-il à l’encontre du DPP. Mais c’est précisément maintenant que les légistes doivent donner leur avis sur les moyens de dépoussiérer notre Constitution. Le leader du MMM, lui, a peut-être des raisons de vouloir éviter le débat sur la deuxième République, mais il ne saurait empêcher l’élite intellectuelle du pays d’y participer.
Tandis qu’à Maurice le président d’une éventuelle deuxième République bénéficiera d’une immunité totale, en Afrique les dirigeants approfondissent les notions de démocratie. Accusé de crimes contre l’humanité, le président kenyan a décidé, le mois dernier, de son plein gré de comparaître devant la Cour pénale internationale.
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