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Ces murs qu’ils érigent
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Ces murs qu’ils érigent
La tension devient palpable à travers Maurice. Le pays se retrouve pratiquement coupé en deux. Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989), nous continuons à bâtir des murs inutiles, dans les circonscriptions, entre les deux blocs politiques qui s’affrontent. Pourtant, ces deux systèmes ne sont pas forcément antinomiques ; forcément puisqu’ils se sont mélangés les uns aux autres selon plusieurs formules depuis ces quarante dernières années. Mais chacun cherche, pour son fonds de commerce personnel, à attirer dans son champ d’attraction le plus de Mauriciens possible, en les divisant selon leur communauté. C’est ces calculs mathématiques qui nous éloigne des vrais enjeux qui nous guettent et qui dépassent le mandat politicien de cinq ans.
Actuellement, la polarisation est si forte vers les deux pôles que le centre se trouve dépouillé, vide comme une coquille malgré quelques voix citoyennes éparpillées çà et là. C’est pour cela qu’il faut condamner les propos de sir Anerood Jugnauth qui, dans sa quête pour reprendre le pouvoir à Navin Ramgoolam, demande aux électeurs de boycotter les petits partis qui naissent. Niet ! C’est exactement ce qu’il faut éviter de faire en la présente conjoncture. Choisir entre les deux camps uniquement risque de faire perdurer une situation malsaine et dangereuse pour notre démocratie. Elle va surtout encourager les solutions de désespoir ; par exemple remplacer des dynasties et des associations socioculturelles par d’autres, un Premier ministre par un autre, un DG de la MBC par un autre, etc. Ce sera du pareil au même au final.
Pour changer vraiment, il faut donc pousser vers une troisième, voire une quatrième force, compétente, crédible, intraitable dans la défense des libertés citoyennes, de la méritocratie et du mauricianisme. Pris dans leur jeu communal, les traditionnels blocs politiques sont, évidemment, libres de creuser leurs tombes. Mais devrions-nous, au nom de l’alternance, ou par sentimentalité, les suivre dans le gouffre ? N’avons-nous vraiment pas le choix de voter pour les candidats en fonction de leurs idées et non par rapport à leur bloc d’appartenance ?
Ne devrions-nous pas retrouver notre liberté ?
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La politique, c’est pas compliqué, il suffit d’avoir une bonne conscience, de savoir tenir le beau rôle. Nos politiciens, de plus en plus mis en scène sur YouTube face à leurs contradictions évidentes, aiment jouer sur notre mauvaise mémoire. Cette semaine, Bérenger, en volant à la défense de la MBC, obtient, sans doute, la palme du meilleur comédien toutes catégories. D’autres politiciens tentent de lui emboîter le pas : en public, ils critiquent la presse (pour faire comme leurs leaders), mais en privé, ils appellent, s’excusent, quémandent une meilleure couverture sur le terrain, un meilleur titre pour frapper les esprits sur la toile. Ils sont peut-être en alliance sur une estrade mais, au fond, c’est chacun pour soi dans cette course du 10 décembre, malgré les discours «votez bloc». C’est Coluche qui disait que les politiques ne font pas ce qu’ils veulent, ils font ce qu’ils peuvent ! Et à vrai dire, ils ne tirent pas les fi celles, ils sont tirés par les ficelles.
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