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Poker aveugle
Les enjeux de la campagne sont confus. La deuxième République envisagée par l’alliance PTr-MMM est opaque et ses implications mal discernées. Pour beaucoup, il y a des motifs cachés derrière cet amendement constitutionnel projeté. Or, pour permettre à l’électeur de faire un choix éclairé, il faut que toutes les informations pertinentes à son vote lui soient données.
C’est la raison pour laquelle il faut saluer la démarche de Paul Bérenger qui vient de lever un coin du voile sur les intentions de son camp. Il révèle, dans une interview accordée à l’express et qui sera publiée dans notre édition de demain, à quoi pourrait ressembler le paysage politique si le PTr-MMM remportait les élections mais ne disposait pas des trois quarts de sièges au Parlement.
«Navin Ramgoolam et moi sommes deux adultes, deux patriotes. Nous nous mettrons autour d’une table et nous déciderons : soit il restera Premier ministre et je serai son vice-Premier ministre pendant cinq ans, soit il voudra tout de même aller à la présidence et je serai Premier ministre pendant cinq ans, soit nous ferons une côte mal taillée, c’est-à-dire deux ans et demi chacun comme Premier ministre», confie Bérenger tout en insistant, pour la forme, «que nous nous dirigeons vers un 60-0».
C’est un premier pas vers la transparence, soit. Mais si les deux «patriotes» entendent jouer à fond le jeu démocratique, c’est maintenant qu’ils doivent dévoiler ce qu’ils comptent faire s’ils ne réunissent pas les trois quarts des voix au Parlement. L’électorat a le droit de savoir laquelle des trois options décrites par Bérenger sera appliquée le cas échéant.
Pour l’heure, l’électorat ignore qui sera le Premier ministre pour les cinq prochaines années si le PTr-MMM est victorieux mais avec une majorité inférieure aux trois quarts. Ce secret n’est pas acceptable en démocratie. L’électeur doit savoir, avant de faire son choix, ce qui l’attend. Une élection, ce n’est pas le poker où un joueur peut jouer en aveugle.
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