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Rupture
C’est une lame de fond qui a balayé la coalition PTr-MMM lors des dernières législatives. Difficile à prévoir, comme l’ont reconnu bon nombre d’observateurs, et invisible à l’œil nu, cette vague a pratiquement tout emporté sur son passage, y compris l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam.
Pourtant, rien ne laissait présa-ger un destin aussi funeste à l’alliance PTr-MMM. Même les mathématiques électorales, citées allègrement à l’entame de la campagne électorale par les dirigeants de la défunte alliance pour se rassurer, penchaient en faveur du gouvernement sortant et de son allié.
Mais les électeurs ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ce qui fait que les calculs mathématiques du bloc PTr-MMM n’étaient pas reflétés sur le terrain, poussant ainsi bon nombre d’observateurs à évoquer une lutte serrée.
Plusieurs raisons expliquent la déroute électorale de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger. D’abord et surtout, il y a le fait que les deux leaders se sont mutuellement insultés voire diabolisés pendant plus de 17 ans. Il était donc difficile pour leur électorat respectif de trouver leurs repères dans une alliance qui lui a été imposée. Ajouté à cela, une conjonction d’autres facteurs ainsi que des dérapages verbaux, et vous avez le résultat que nous connaissons, soit 51 sièges pour l’Alliance Lepep et 16 à l’Opposition.
Bien que ne partant pas avec l’étendard de favori, l’alliance MSM/PMSD/ML a su, durant cette campagne, faire ce que ses adversaires n’ont pas réussi. C’est-à-dire se connecter à la réalité et parler le langage du peuple. Et à partir de là, il a suffi de trouver un slogan qui accroche. Avec « Vire Mam ! » d’un côté et « L’Alliance de l’unité et de la modernité » de l’autre, il n’y avait pas photo.
Maintenant que les jeux sont faits, que faut-il attendre du nouveau régime qui s’installe dès cette semaine à l’Hôtel du gouvernement ? Nombreux sont ceux, y compris ceux qui ont viré de bord, à se poser la question.
L’avenir nous le dira certainement mais à entendre le ton qui a été utilisé durant cette campagne électorale, il y a fort à parier que nous nous dirigeons vers une rupture à différents niveaux dans le pays. À commencer par la pratique de l’économie.
Après avoir mené campagne contre la politique économique de son « petit cousin », comme il se plaît à le dire, Vishnu Lutchmeenaraidoo ne voudra en aucun cas suivre ses traces maintenant qu’il a repris les rênes du Trésor public. D’ailleurs, sa conception de l’économie semble aux antipodes de ce que nous avons connu durant la dernière décade. Non seulement dans le ton mais aussi dans le langage.
Aux TINA – « There is no alternative » – de l’ère Sithanen, il oppose un cinglant : « Nous avons un programme économique et social alternatif et viable». Cela quand bien même, nous lui faisons remarquer que le monde a changé ainsi que le contexte. Comme pour démontrer une volonté de procé-der autrement, il a annoncé, mardi, le démantèlement du Programme-Based Budgeting (PBB) pour le remplacer par un système qui est à la portée de tout le monde.
Avec le coup de grâce donné au PBB, réduisant en poussière tout un pan de la stratégie du tandem Rama Sithanen-Ali Mansoor pour moderniser la gestion des deniers publics, il est évident qu’un vent nouveau soufflera d’ici au prochain Budget, prévu pour mars 2015, sur l’économie du pays.
À Business Magazine, nous ne pouvons que souhaiter que celui-ci soit porteur d’espoir !
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