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Grâce

20 décembre 2014, 07:37

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Que sir Anerood Jugnauth le souhaite ou non, tout nouveau gouvernement a besoin d’une période de grâce – historiquement de 100 jours – durant laquelle il pourra prendre ses repères, cerner son environnement stratégique, et impulser les réformes de son mandat plébiscité. Si ces trois premiers mois sont déterminants pour la trajectoire et la stabilité de son gouvernement, il s’agit également d’une période d’observation où aucun faux pas ne devrait encore ébranler le capital de confiance avec lequel démarre le nouveau régime. Mais, c’est clair pour nous qu’à la première incartade, l’état de grâce volera en éclats...

 

Bien évidemment l’express, qui prône une appréciation critique (au lieu d’une adulation à la MBC) de l’action  gouvernementale, entend questionner tout travers que nous percevrons de notre position de contre-pouvoir. Notre posture revêt une importance accrue dans la mesure où (1) le gouvernement de sir Anerood, avec le soutien des deux élus de l’OPR, bénéficie d’une majorité parlementaire de plus de trois quarts et que les voix des petits partis y seront absentes ; (2) les deux principaux partis de l’opposition (le Parti travailliste et le MMM pour les nommer) peinent à recoller les petits morceaux de leur débâcle et pourront difficilement fonctionner comme une opposition unie et organisée au sein de l’hémicycle.

 

À cet égard, nous suivrons de près les premiers pas du nouveau régime afin de surveiller si les promesses de la campagne sont respectées ; si le bon sens attendu des gestionnaires de nos fonds publics l’emporte sur la démagogie politicienne savamment distillée à travers les circonscriptions pour engranger des voix ; si la discipline et la rigueur remplacent les slogans de campagne ; si la MBC demeure un outil de propagande et si les ondes audiovisuelles seront libérées comme promis dans le manifeste ; si la publicité gouvernementale va demeurer un levier pour contrôler la presse indépendante ; si l’appareil d’État sera utilisé à des fins partisanes ; si le copinage et l’affairisme d’État, dénoncés hier, vont se perpétuer à travers d’autres Soornack ou Gooljaury ; si la bonne gouvernance devient, enfin, une culture gouvernementale et ne se cantonne pas à l’intitulé d’un nouveau ministère...

 

Avec sa longue expérience, Anerood Jugnauth devrait savoir que la légitimité tirée des urnes reste la meilleure arme afin de faire passer des mesures courageuses, de faire bouger les lignes et de secouer les cocotiers plus facilement qu’au cours du reste du mandat.

 

***

Sir Anerood Jugnauth a non seulement anéanti Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, mais il a également remis en question leur leadership – jusqu’ici incontesté – au sein de leur parti respectif. Pas encore remis de leur défaite, les leaders du PTr et du MMM doivent ces jours-ci batailler ferme pour ne pas tout perdre. Leur fin d’année s’annonce bien plus difficile alors que leur traversée du désert ne fait que commencer...