2015, une nouvelle année. Serait-ce aussi l’année du réveil de l’esprit critique du citoyen ?

C’est le souhait qu’on pourrait faire à notre pays : après le non sonore de l’électorat mauricien à cette dangereuse tentative de «hold-up politique» et de triturage constitutionnel, nous devons, désormais, nous atteler à revoir, de manière critique et durable, le fonctionnement même de notre République. La transparence devrait être le pacte qui lie le nouveau gouvernement à ses employeurs : les citoyens qui font et défont les gouvernements.

Si Maurice était une vraie démocratie, dans le sens où elle offrait des chances égales à tout le monde, indépendamment du patronyme, du camp politique et des leviers que le système active, n’aurait-on pas dû voir, au lieu de la présente chasse aux sorcières, une continuité de l’État et une revalorisation de la méritocratie ? Sont-ils tous à jeter à la poubelle parce qu’ils ont été nommés par le précédent régime ?

À cet égard, les citoyens ont un rôle à jouer dans la suite des événements post-11 décembre. Ils peuvent faire remonter à la surface ces informations d’intérêt public inaccessibles ou volontairement cachées à nos yeux scrutateurs. Avec une attitude de veille et d’alerte, ils peuvent réaliser un travail critique de concert avec les médias libres et indépendants. Dans les colonnes de l’express, par exemple, la parole n’est réservée ni au «peuple» ni aux «élites». Elle est, en fait, à tous ceux, y compris à nos détracteurs, qui ont des faits originaux à relater ou qui veulent (re)mettre en perspective des informations existantes. Elle sera par contre refusée à tous ceux qui veulent diviser davantage la population en pratiquant le noubanisme. Tout comme on continuera à censurer toute atteinte à la vie privée (genre la bande sonore diffamatoire) si elle n’a aucun intérêt public.

Avec un Premier ministre à 84 ans et un leader de l’opposition qui approche les 70 ans, il est impératif de préparer les jeunes d’aujourd’hui à prendre la relève de demain. Ancrés dans la réalité de la vie citoyenne, souvent sensibles aux enjeux environnementaux qui nous guettent, allergiques au communalisme institutionnalisé, les jeunes peuvent être de puissants catalyseurs d’un mouvement d’évolution nécessaire dans la vie d’une nation. Cette année nous donnera, souhaitons-nous le vraiment, une nouvelle génération de politiciens, libérés complètement, et ayant du neuf et du concret à contribuer au débat public. Des politiciens qui tâtent vraiment le pouls de la nation, qui réfléchissent aux alternatives et qui travaillent pour l’avancement de la République.

Bonne année !