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Limiter les mandats… et l’âge

3 janvier 2015, 07:29

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Après le Burkina Faso, c’est au Congo-Brazzaville qu’une dérive dictatoriale se concocte. L’argument utilitariste est simple : si on ne peut pas/plus respecter la Constitution, autant la changer en toute légalité, même si la moralité n’y est pas.

 

Cela s’est passé, avant le réveillon, tard dans la nuit au Congo-Brazzaville, pays avec lequel Maurice a noué de solides relations diplomatiques, grâce, surtout, à l’alchimie remarquable entre le président Denis Sassou Nguesso et l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam.

 

Le comité central du Parti congolais du travail (PCT) du président Sassou Nguesso s’est déclaré pour un changement de la Constitution afin de «moderniser le cadre légal dans lequel opère le pays». Ce que le PCT ne dit pas, toutefois, c’est que ce changement du texte fondamental permettrait à Sassou Nguesso de se représenter à la présidentielle de 2016 pour un nouveau mandat de… sept ans (on dirait qu’il a piqué le projet de 2e République du défunt couple Ramgoolam-Bérenger). La Constitution congolaise, en vigueur depuis 2002, est moderne. Contrairement à la nôtre, elle limite à deux le nombre de mandats présidentiels et à 70 ans l’âge des candidats. Ainsi, selon la présente Constitution, Sassou Nguesso, 71 ans, réélu président en 2009, est doublement disqualifié.

 

Face à ce verrouillage constitutionnel, la stratégie des conseillers et autres membres de la nomenklatura de Sassou Nguesso se veut subtile. Ils veulent faire passer la pilule en douceur. Même si les situations sont dissemblables, ils veulent, en fait, tenter de maintenir Sassou Nguesso au pouvoir tout en évitant que le président ne subisse le même sort que Blaise Compaoré (chassé par la rue) après 27 ans au pouvoir, ou, peut-être, à un degré moindre, celui de Navin Ramgoolam (chassé par son électorat) après 14 ans au pouvoir et trois mandats de Premier ministre.

 

Outre la levée de boucliers des partis d’opposition et de la société civile qui ne veulent pas avaler ses arguments-écrans de fumée, le clan Sassou Nguesso aura également à faire face à la forte réticence de la communauté internationale. D’Obama à Hollande en passant par Ban Ki-moon, le discours s’avère aujourd’hui le même : toute modification de la Constitution à visée électorale doit être évitée. Le syndrome burkinabè guette aujourd’hui plusieurs pays. Le nôtre y compris.

 

C’est pour cela que sir Anerood Jugnauth devrait sérieusement songer à limiter le nombre de mandats du Premier ministre et du président à deux, ainsi que l’âge pour accéder au Parlement. Tout comme le MMM en 1982 avait rendu les élections législatives obligatoires tous les cinq ans, sir Anerood pourrait devenir, 33 ans plus tard, à l’âge de 84 ans, le Premier ministre le plus moderne du pays. Et les vieux schnocks de la République laisseraient, enfin, la place aux jeunes qui le méritent.