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Charlie Hebdo: À chacun son avis ! Puisque prime la liberté d’expression...

14 janvier 2015, 12:10

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«L’hypocrisie est la religion dominante. On admire aujourd’hui Hara-Kiri - NdlR : l’ancêtre de Charlie Hebdo - comme une glorieuse réussite, même au temps de sa grande diffusion, il était haï à l’unanimité, par la presse et les artistes. On était un journal vulgaire. On nous reprochait notre mauvais goût...», aimait rappeler François Cavanna, père spirituel de Hara Kiri et de Charlie Hebdo. Si Hara Kiri a cessé de paraître depuis près de trente ans, son souvenir et son influence frappent durablement les esprits. En revanche, Charlie Hebdo, devenu aujourd’hui un symbole de la liberté d’expression, devient plus fort que jamais.

 

Tiré cette semaine à plus de trois millions d’exemplaires (contre moins de 60 000 avant l’attentat meurtrier du 7 janvier), le journal satirique a choisi de remettre en Une, avec son habituelle insolence, un prophète qui pleure, habillé de blanc, et tenant entre ses mains une pancarte «Je suis Charlie». Comme notre compatriote John Joseph, qui a défilé à Paris lors de la marche historique de dimanche, ils sont nombreux à s’exprimer sur ce sujet de brûlante actualité. Au nom de la liberté!

 

 

Le terrorisme des uns et des autres

 Plus de trois millions de personnes ont manifesté à travers la France pour défendre la liberté de s’exprimer librement. Une foule composée de toutes les sensibilités.

 

À moins d’être partisan du terrorisme, nul être bien pensant ne peut approuver la tuerie de Charlie Hebdo en France. Par mesure de représailles, deux justiciers, de la folie meurtrière habitant l’esprit détraqué des fondamentalistes religieux, ont cru nécessaire de punir ceux, qui de leur point de vue, auraient blasphémé leur croyance religieuse. Les fondamentalistes de toutes les religions ont à un moment ou un autre de l’Histoire pratiqué des holocaustes décimant des peuples entiers. Mais il n’y a pas que le fondamentalisme religieux qui aurait commis des crimes contre l’humanité. Les nazis par exemple avaient juré de débarrasser le monde du peuple juif, d’où la Shoa. Les Juifs eux-mêmes se permettent, depuis 1948, de décimer les Palestiniens dont ils veulent s’approprier les terres sans vouloir accorder le droit à ces derniers de posséder une patrie où vivre en paix. Les deux Corée sont encore un autre exemple où le fanatisme idéologique refuse à l’autre le droit d’exister. Mais tout cela relève d’un esprit venu d’un temps archaïque qui n’a plus sa place dans le monde du XXIe siècle.

 

Ce qui s’est passé chez Charlie Hebdo ne relève pas du schéma présenté plus haut, en ce sens qu’il relève davantage de l’intolérance venant de trois centres : religion – laïcité et liberté de la presse. Dans un pays, la France, qui se vante d’être l’un des plus rigides sur la question de la laïcité et qui pourtant accorde le droit à plusieurs religions d’y cohabiter, il est évident que pour assurer que cette cohabitation soit réalisable, qu’elle soit quand même protégée par l’État. C’est certainement beau de prétendre que l’on accorde à ses citoyens des droits civils et religieux que bien d’autres pays sont incapables d’assurer. Mais pour réussir dans cette entreprise, l’autorité centrale ne peut se contenter d’être absolument libérale, en se cachant derrière des principes aujourd’hui dépassés. Du temps du communisme, par exemple, c’était un garde-fou extraordinaire pour éviter bien de conflits. Aujourd’hui dans les pays qui ont ouvert leur porte à de nombreux immigrants venant de divers coins du globe tout en apportant avec eux leurs cultures et religions différentes, faut bien se dire que se déclarer laïc ne suffit plus.

 

La France se targue aussi d’être le berceau des droits de l’homme. Ce concept confronté avec ceux de la laïcité et la liberté de pratiquer des religions différentes couvent d’évidents risques de conflits. Si on a le droit de pratiquer sa religion et qu’en même temps l’autre a également la liberté de dénigrer cette même religion impunément, cela ne peut qu’être source de problème. Cela est dit sans pour autant cautionner ce qui s’est passé à Charlie Hebdo. L’express du samedi 10 janvier nous dit qu’il a, en maintes occasions, censuré des caricatures acides de Charlie Hebdo tout comme d’autres titres de Grande-Bretagne et d’ailleurs. C’est dire que même la presse était au courant de l’effet provocateur de cet hebdomadaire. Ce même l’express avait ici même à Maurice, après l’annonce de la rupture du Remake 2000 par Paul Bérenger, publié une caricature présentant un politicien sacrifié sur une croix et cela pas loin de la fête de Pâques. Dieu merci qu’ici à Maurice les chrétiens sont pacifiques. C’est tout à l’honneur de l’express s’il décidait de publier cet article sans censure.

 

LA CALOMNIE TUE

 

Tout cela nous emmène à nous demander où commence et où fi nit la liberté de la presse. Il suffit généralement que quelqu’un se sentant blessé par un écrit, se mette à se défendre pour qu’il ait droit à une NDLR sans qu’il ait le droit par la suite à y répondre de nouveau. Bien sûr qu’il existe des lois contre la diffamation, mais cela ne mène que très rarement a une réparation digne. Le rôle de la presse est d’informer ses lecteurs, mais pas de dénigrer publiquement en s’appuyant sur la liberté d’informer. Dénigrer n’est pas informer. Il est aussi important de reconnaître que le prosélytisme, le fanatisme, le fondamentalisme et l’intégrisme de certaines religions sont irritantes et peuvent conduire certains à une démarche visant à s’y opposer. C’est bien de combattre le fondamentalisme des autres mais il ne faut pas pour autant que les journalistes eux-mêmes pratiquent une forme de fondamentalisme et d’intégrisme journalistiques. La presse en général et particulièrement certains journalistes qui se croient autorisés à provoquer les autres, doivent réaliser que quand on marche délibérément sur la queue d’un chien, on doit s’attendre à une réaction. Cela est dit sans intention aucune de comparer aucune religion à un chien. La presse ne doit pas attendre que les politiciens finissent par légiférer pour introduire des peines sévères pour contrer ce genre de provocations dangereuses. Elle doit s’autoréguler sur la question. C’est comme dans la vie civile, toute personne qui dénigre la vie privée d’un citoyen ou d’un couple doit s’attendre à des réactions parfois sévères. Chacun doit se dire qu’il n’y a pas que les armes qui tuent, mais aussi la provocation volontaire. Autrement dit, la calomnie et le dénigrement tuent aussi bien.

 

Daniel ASSY

 

 

Je suis Charlie et...

 

Très intéressante interview de trois caricaturistes dans l’express-dimanche. Si intéressante que j’aimerais continuer le débat - débat d’idées, si rare ici. Je voudrais soulever 3 points :

 

1. Une valeur peut-elle être déployée à 180 degrés ? Rien ne l’arrêterait. Quelqu’un m’adresse des propos racistes, je le gifle. Si la liberté va jusque-là, pourquoi me priverai-je de ce plaisir ? Toutes les valeurs ont besoin d’être temporisées par d’autres. Si je vis le respect à 180degrés, je vais vivre à genoux. La valeur «Liberté» me dit : Debout !

 

Je pense que la sagesse humaine a trouvé valeur, droits, lois et que c’est à chaque génération de savoir les articuler. Je crois qu’on peut trouver beaucoup d’exemples et que le raisonnement tient la route. Je tiens à préciser que je prends position sur un principe et non sur ce que fait Charlie Hebdo.

 

2. Oui, à Maurice on mélange tout : religion, culture, politique, qui s’entremêlent joyeusement. Pourquoi ? Parce que Maurice ignore encore la laïcité : la séparation du politique et d’un espace social d’avec la religion. En séparant des secteurs de la vie, la laïcité a permis la pluralité de situations. Et du coup, le respect de la différence.

 

3. Dire de la religion qu’elle est une idéologie c’est une opinion. Je respecte la personne qui exprime cette opinion mais je peux trouver cette opinion non fondée et je peux moi exprimer autre chose - Liberté ! Il a raison Deven T! Le problème des religions, ce sont les religieux ! Parce que l’homme est capable de tout polluer, de vivre la foi sous le mode idéologique, d’en faire un instrument de pouvoir, une machine à broyer les gens. Il faut le savoir, et là aussi ne pas faire l’amalgame ... Allez dire aux moines de Thibérine, à Mère Teresa, à l’abbé Pierre, à Martin Luther King qu’ils sont de pauvres idéologues...

 

La foi en un Dieu, quel qu’il soit, ce n’est pas une opinion, c’est une conviction! Exactement comme la conviction que loyauté, liberté, égalité, fraternité sont des valeurs - avec, en plus, dans la foi une relation personnelle à Dieu.

 

Solange JAUFFRET

 

 

Je suis fier d’être Français

Samir BENALLAL(France)

 

Ce qui s›est passé à Paris depuis mercredi est sans précédent en France. Ces assassins ont anéanti l’intelligence et l’humour grinçant qui est la particularité de l’équipe de Charlie Hebdo. Ils ont aussi décimé un brillant économiste : Bernard Maris. J’écoutais avec une joie particulière ses chroniques sur l’économie telle qu’il la concevait, au service de l’Homme et de la planète. Sur leur chemin macabre, ils ont abattu froidement trois policiers, dont un était de confession musulmane, et quatre civils de confession juive. Le rassemblement auquel j’ai participé hier, dans notre ville (Rodez 50 000 habitants avec les communes voisines), a dépassé, et de loin toutes les prévisions. Lors de cette marche, où 17 000 personnes ont observé une minute de silence, régnait un sentiment de solidarité et de respect des valeurs de la République. Je n’ai vu ni entendu aucun geste déplacé ni parole mal à propos. Au passage devant le commissariat, où était affiché le nom des policiers abattus, la foule a ralenti le pas, et a montré sa solidarité avec des applaudissements chaleureux. Ce message délivré par la foule hier, je vais continuer à le relayer à mon petit niveau. En tant que président d’une association de parents d’élèves d’une école de 400 élèves, nous allons dès cette semaine provoquer des réunions avec les écoles et d’autres associations des droits de l’Homme, pour promouvoir le message de laïcité et liberté au sens le plus large. Cet incident tragique a montré, au monde entier, que la France peut être là où on ne l’attend pas. Je suis fier d’être Français, et je suis Charlie.

 

 

Nous avons ouvert une boîte de Pandore

 

La nouvelle nous est tombée sur la tête sans arriver à pénétrer notre cerveau : on a massacré des acteurs de Charlie, des policiers chargés de les protéger, des célèbres et des anonymes sous un prétexte vengeur incompatible avec la religion de ceux qui kalachnikofent à tour de bras en son nom.

 

Pour nous, anciens soixante-huitards, ces auteurs nous ont accompagnés toute notre jeunesse et ces misérables ont tué notre innocence insolente. Certes, depuis Hara Kiri jusqu’à Charlie, on pouvait ne pas tout aimer, trouver des exagérations, voire être choqué. Mais jamais il ne nous venait à l’idée de condamner ces outrances, car, au bout du bout, on finissait par en rire, même si c’était parfois un peu jaune car ces publications nous faisaient réfléchir sur nous-mêmes.

 

Pourquoi en est-on arrivé là ; certes, des êtres plus ou moins «bien pensants» ne tarderont pas à mettre en cause la politique, le laxisme des gouvernements, la trop grande tolérance vis-à-vis des émigrés, etc.

 

Mais, l’occident en général, et certaines grandes puissances en particulier ont joué un rôle mondial dont on ne peut pas être fi er ; sous des prétextes moralistes ou pseudo- démocratiques ou d’armes de destruction massive qui cachaient mal des raisons politico- financières bien plus sordides, avec des mensonges officialisés, nous sommes intervenus en Afghanistan, en Irak, en Libye, etc., nous nous sommes mêlés de la gestion d’États comme en Syrie ou en Afrique ; les conséquences nous explosent à la figure aujourd’hui, car, au lieu d’établir un régime démocratique ou du moins un système politique plus viable ; nous avons ouvert une boîte de Pandore dont nous n’avons pas su maîtriser les conséquences; au contraire, après avoir créé le chaos par notre incompétence et notre arrogance nous avons laissé ces peuples se livrer à de vieux démons ; certes les régimes politiques ayant provoqué (soi-disant) ces interventions n’avaient rien de réjouissant, mais le remède apporté a créé encore davantage d’injustices, d’exactions à cause de notre fatuité prétentieuse et notre ignorance d’occidentaux donneurs de leçon.

 

Nous avons ainsi suscité des réactions extrémistes qui ne demandaient qu’à se lancer dans la violence ; auparavant, les anciens régimes dictatoriaux avaient su, avec une main de fer, voire avec une grande cruauté, contenir leurs pulsions : de par leur politique, ces anciens dirigeants étaient experts en la matière...

 

Aujourd’hui, Charlie et autres victimes payent les conséquences de cette politique mondiale ; l’attentat des tours du World Trade Center n’avait pas servi de leçon ; des politiques inconséquents, pour ne pas dire méprisables, poursuivent leurs rodomontades grotesques et criminelles ; malheureusement, ce massacre ne les rendra pas clairvoyants ou intelligents, et après avoir fait semblant d’essuyer des larmes de crocodile, ils continueront de plus belle, au plus grand bénéfice de ces assassins, qui ne demandent que ça et qui ne méritent pas le nom d’homme.

 

Et, pendant ce temps, imperturbablement et sans bruit, les Chinois achètent le monde: mines, forêts, entreprises; en France, dernièrement, l’aéroport de Toulouse, le club Med (acculé à la faillite grâce à la direction d’un fi ls Giscard d’Estaing dénoncée depuis des années), etc. (C’est le Qatar qui va faire la gueule); eux, sans guerre, sans tartarinades désastreuses, asservissent les gouvernements, les peuples et la terre pour leur profit bien compris; aucune philanthropie ou esprit de coopération dans leurs manoeuvres, mais une volonté de puissance et de domination mis au service de leur politique financière; et quand une exploitation ne sera plus rentable, ils s’éclipseront, abandonnant les hommes à la misère et les lieux au désert...

 

Ils sont les plus forts car ils ont l’argent, le nombre et le temps pour eux; tout dirigeant devrait être conscient de ce danger et se donner les moyens de le parer; mais cela demanderait de la clairvoyance, de l’intelligence, du courage, de l’anticipation et une vision politique, économique, humaniste  et écologique à long terme; or sous la pression de leurs intérêts ou des médias, ils ne sont que dans le quotidien, sans hauteur de vue; leur horizon, c’est aujourd’hui, leurs prochaines élections, les réactions immédiates des citoyens.

 

Ces citoyens ne sont pas exempts non plus de critiques; sans patience, nous voulons des résultats rapides, nous voulons satisfaire nos envies immédiates; nous avons souvent des visions limitées; nous nous complaisons dans le petit, voire le mesquin; nous nous jetons, par dizaines de milliers, sur le bouquin déplorable de Trierweiler; certes, la crise - qui sert souvent d’excuse - permet d’expliquer bien des attitudes: le sentiment de précarité nous pousse à limiter notre horizon.

 

Nous déplorons la médiocrité de certains médias, des émissions télé et des dirigeants, tout en étant finalement leurs complices objectifs...

 

Sommes-nous donc dans une impasse de civilisation ? Peut-être pas; il suffi t de voir les réactions du «bon peuple» devant les 17 victimes des terroristes fanatiques: manifestations spontanées, profusion des «je suis Charlie» peuvent nous apporter l’espoir, peut être temporaire, d’une prise de conscience d’une cité plus ambitieuse et plus intelligente.

 

Concluons, provisoirement, en disant, qu’à l’heure où la barbarie la plus sadique méprise la vie humaine, la finance la plus désastreuse accélère la destruction de la nature, des multinationales irresponsables compromettent l’avenir de nos enfants et de la planète, des décideurs puissants et moralisateurs se compromettent en de misérables combines quasi mafieuses, bref, alors que la vie devient si précaire et que des individus méprisables ont rejeté tout sens moral et toute dignité d’homme, je souhaite que nous mettions toute notre énergie à préserver notre village et notre région; quand nous avons la chance de vivre en paix et heureux chez nous, sachons apprécier nos petits bonheurs quotidiens.

 

par Jean-Pierre HARELLE (France)

 

Charlie to be or not to be!

Une atmosphère pesante, une diversion à laquelle j'aurai aimé ne pas m'adonner. Comme tout être humain, je ne peux rester bouche baie, et je ne peux conserver ma parole dans le silence. Ma parole qui ne demande qu'à s'exprimer : To be or not to be ? #JeSuisCharlie ? #JeNeSuisPasCharlie ? Est-ce la question ?! Est-ce important ? Je me questionnerai plutôt sur comment Charlie Hebdo nous amène à redéfinir les limites de la liberté d'expression, à redéfinir la devise de la République française.

Avec tous ces événements survenus en l'espace de quelques jours, tous ces commentaires, ces posts, ces images, ces Hashtags inondant les réseaux sociaux, j'en suis venu à me remettre en question. Me questionner d'une part sur cette haine injustifiée envers ces journalistes, image même de la liberté d'expression à la Française, et d'autre part, cet incessant  amalgame envers les musulmans, sur qui les doigts ne cessent de se pointer. Si en ce jour les regards et les paroles pouvaient projeter des crayons, la religion musulmane aurait été ensanglantée. Certains qui, au fil de la journée s'exclament haut et fort que la haine ne se résout pas par la violence, mais ces mêmes personnes qui comme par magie, retournent leur veste, pour tenir des propos haineux envers une communauté qui ne mérite pas ce sort. J'ai écouté et lu l'opinion publique. J'ai pris le temps d'essayer de comprendre et force est de constater, que le discours que tiennent certains, se rapproche fortement du racisme. Un racisme voilé, mais qui aujourd'hui, à un moment triste soit-il, s'expose au grand jour. Ceux qui hier n'avaient pas de mal à marcher aux côtés d'une femme portant le hijab, se retrouvent aujourd'hui bizarrement gênés par celle-ci. Et mère Thérèsa, elle t'a gêné quand elle portait le voile ? Est-ce que cela t'a gêné d'entendre et d'écouter le message de paix et d'amour qu'elle a tant chéri tout le long de sa vie ? On parle de liberté de penser et d'expression. Mais cette Liberté que certains protègent ardûment au plus profond de leur être nécessiterait un peu plus d'Egalité envers tous pour briser ce prisme qui déforme leur compréhension, pour qu'enfin ils ouvrent les yeux et leur cœur sur ce qu'est la Fraternité !

Je ne suis pas un artiste, un philosophe ou un écrivain comme on aime les lire, mais j'ose m'exprimer ! J'ose m'exprimer et dénoncer ce qui me gêne ! Je n'ai jamais été un admirateur de certaines images de Charlie Hebdo, même si comme beaucoup d'autres, aujourd'hui,  j'arbore #JeSuisCharlie. Je suis Charlie car la haine n'est pas la solution à nos problèmes. Je suis Charlie car je défends la liberté d'expression, et je la défends de tout mon cœur. Je suis Charlie car la liberté d'expression, la liberté de débattre est ce qui permet à toute société d'avancer. Et je suis Charlie pour ces journalistes, policiers et civils abattus de sang froid. Paix à leur âme. Toutefois je ne défends et ne défendrai jamais une liberté d'expression qui grandit dans le non-respect de l'autre. Et je ne défendrai pas une liberté dénudée de tout sens lorsque celle-ci dépasse cette fine ligne rouge. Ma liberté à moi peut être humoristique, mais se doit de rester tolérante.  

Liberté d'expression quand ça arrange. Dieudonné (humoriste français) censuré de spectacle pour ses blagues pas toujours appréciées des juifs. Le prophète Mahomet caricaturé en première page d'un hebdomadaire alors même que cette religion s'évite à toute forme de représentation de celui-ci ?! Feuilletez vos manuels d'Histoire et vous verrez que le visage de Mahomet est inconnu (sauf chez les Perses). Un visage qui n'apparaît pas. Un visage qui n'apparaît pas pour éviter tout culte de la personne. Pour éviter que le croyant ne se détourne de la parole qu'est venue prêcher le prophète, qui historiquement fait suite à Moise et Jésus. A-t-on le droit de les en vouloir d'être croyant et d'avoir un certain respect religieux qu'une majeure partie de français n'ont pas ?

De ces deux exemples résulte un procès, sensé représenter le pouvoir judiciaire de la démocratie française. Ce même tribunal qui tranche en faveur du Journal et parallèlement qui pousse Dieudonné hors de l'estrade... Où est-elle cette fameuse Egalité ? C'est aux politiques, aux juridiques de tracer cette limite. Et c'est surtout à eux de s'y tenir !

Je suis laïque et cela ne m'empêche pas d'essayer de comprendre. « Oui mais ils dessinent aussi le pape, les juifs... » Qu'ils les dessinent ! Le catholicisme n'a jamais désapprouvé en sa propre église toute iconographie de Jésus ! A voir le nombre de fois où il a les bras ouverts, une grande robe blanche (qui d'ailleurs ressemble plutôt à une djellaba), et une barbe plus ou moins longue, on aurait finit par croire qu'il aurait pu être de ceux que vous osez pointer du doigt ou de ceux qui ont séparé la mer en deux...

La France a grandi dans un monde où malgré la distinction entre le pouvoir politique et les organisations religieuses de 1905, des symboles forts du Christianisme sont ancrés dans les mœurs. Des symboles forts qui ont forgé votre société. Le mariage de deux êtres aurait été instauré pour pouvoir désigner un héritier à la mort du père. Et oui ! Ces messieurs avaient beaucoup tendance à vagabonder à l'époque ; le taux d'intérêt tel qu'on le connaît aujourd'hui provient de Saint Thomas d'Aquin (théologien et philosophe occidental du treizième siècle) alors qu'auparavant, ce taux n'existait pas pour des raisons plus ou moins similaires à celle que la religion musulmane évoque aujourd'hui. Vous êtes dans une bulle confortablement installés et vous vous arrêtez à ce que vous voyez, sans essayer d'aller au-delà ! Vous parlez d'ouverture d'esprit quand vous n'êtes même pas capable d'ouvrir les vôtres sur les valeurs d'autres cultures.

Je ne suis ni historien, ni philosophe, je suis humain. J'apprends à connaître mon voisin. Je ne suis pas là pour défendre la cause musulmane en France, dans le monde ou pour toute autre raison. Je suis là car j'estime que pour éviter ce genre d'événements dans une démocratie qui se dit exemplaire, il faudrait apprendre à connaître son prochain et pas juste cohabiter avec. J'ai des points de vue qui diffèrent de certains pratiquants musulmans, catholiques, mais cela ne m'empêche pas d'approfondir ma perception. Connaître son prochain pour comprendre ce qu'est la tolérance, le respect, et l'amour. Tu ne peux juger ton prochain tant que tu ne le connais pas. L'habit ne fait pas le moine. Le terroriste intégriste ne fait pas le musulman.

Non-Français, j'ai grandit dans un pays où le vivre-ensemble est chose commune. Où les blagues peuvent fuser d'un instant à l'autre, mais où le respect demeure, où la caricature dénonce mais ne blesse pas. Les terroristes sont des hommes voulant bafouer et souiller toute forme d'humanité avant de souiller quelle que soit la religion. Ils sont ignorants et cupides ! Ne nous laissons pas emporter par la haine de son prochain et tournons nous les uns aux autres. Apprenez ce que le Musulman (modéré de nature) aura à vous dire. Apprenez ce que le Juif peut vous inculquer sur certaines de ses valeurs. Intéressez-vous à l'Hindouisme ou au Bouddhisme ! Lever le voile sur ce qui semble pour vous bien trop voilée ! Vous vous dites pays multiculturel, mais vous n'y connaissez rien au multiculturalisme ! Vous cherchez à montrer une image dont vous ne connaissez même pas la signification. L'harmonie d'un peuple ne se bâtit pas en promouvant que la Liberté et que l'Egalité, mais elle se construit aussi en confortant la Fraternité. L'Education chers amis, l'Education.

 

(Gael Etienne, étudiant mauricien en France)

 

 

 

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