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Payer le prix des excès
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Payer le prix des excès
Ils adorent jouer cette partition. À chaque fois qu’un dignitaire de l’ancien gouvernement est inquiété par les autorités, il crie à la vengeance politique. Certains sont inquiétés par la police, d’autres se voient privés de leurs parcelles de plage et d’autres encore doivent renoncer aux bénéfices faramineux des contrats qu’ils croyaient bétonnés.
Et si l’application de ce principe – le refus d’oublier le passé – est ce qui pouvait arriver de mieux à notre démocratie? Les enquêtes de la police, les résiliations de baux et les renégociations de contrats serviront d’épouvantail. Elles effrayeront tous les puissants. Ceux-ci sont désormais prévenus : après les excès, sonnera l’heure du jugement. La peur d’avoir à rendre compte de ses actes, après une alternance, aidera à assainir la vie politique.
Il régnait jusqu’ici une grande hypocrisie au sein de la classe politique. Les opposants menaçaient souvent de rouvrir les dossiers suspects impliquant les dirigeants s’ils arrivaient au pouvoir. Mais une fois la victoire acquise, ils fermaient les yeux sur les abus du passé. Anerood Jugnauth vient de rompre avec ce rituel.
Que la majorité actuelle profite ou non des retombées politiques des éventuelles punitions infligées par la justice contre ses adversaires, le pays, lui, aura gagné si cela signifie la fin de l’impunité des notables.
Certaines personnes incriminées pour abus tenteront de relativiser le processus en cours contre les abus présumés de l’ex-majorité. Déjà, Yousouf Mohamed, l’avocat de Navin Ramgoolam dans l’affaire Roches-Noires, soutient qu’il n’y a «aucune gravité dans cette affaire» avant d’ajouter, dans l’interview qu’il a accordée à l’express-dimanche : «Je ne vois pas pourquoi on fait tant de chichis.»
Pourtant l’homme de loi ne peut ignorer qu’un témoin accuse l’ex-Premier ministre de l’avoir poussé, en présence de deux hauts gradés de la police, à faire une déposition mensongère. Si on peut tourner en dérision une accusation de cette ampleur, c’est que l’on pense encore que les notables ont toujours le droit à l’excès.
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