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Des millions au rendez-vous…

9 février 2015, 02:47

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La jubilation éprouvée par une partie des Mauriciens à l’annonce de l’arrestation de l’ancien Premier ministre témoigne d’une multitude de sentiments. Une joie partagée par bon nombre à regarder un intouchable réduit au statut de suspect comme n’importe quel citoyen lambda. Le symbolisme d’un roi déchu qui, il y a à peine plus de deux mois, abusait encore de son pouvoir. L’illustration d’un chef superpuissant redevenu un homme ordinaire et qui n’avait plus toute sa classe vendredi sans son habituel costume (il s’est rattrapé samedi devant la cour), alors que son visage affichait un sourire forcé pour les photographes de presse. Enfin, le début d’une époque où les puissants peuvent dormir dans une cellule policière comme le commun des mortels suspectés de ce genre de délit.

 

Parmi les commentaires entendus lors de cet étrange vendredi soir, on aura retenu le leitmotiv «la roue tourne», comme pour faire croire que Navin Ramgoolam paie aujourd’hui l’humiliation qu’il aurait fait subir à d’autres. De là à évoquer le terme de vendetta politique, en se remémorant des paroles de SAJ pendant la campagne électorale («j’enverrai Ramgoolam en prison»), c’est un pas que certains dirigeants rouges et quelques partisans fidèles ne se sont pas privés de franchir. Cela dit, il faudrait, dans cette histoire, faire preuve du discernement nécessaire et éviter certains amalgames gratuits.

 

D’abord, la gestion de cette affaire par la police fait sourciller. On peut se demander pourquoi Ramgoolam n’a pas simplement été convoqué aux Casernes centrales avant qu’on ne procède à la double perquisition qui a suivi. Le triste spectacle qu’on nous a offert est indigne de notre démocratie. Car nous retenons, de ces séquences de la rue Desforges, l’image d’un ancien Premier ministre jeté en pâture à une vindicte populaire, alors que l’effet de foule aurait pu générer des dérapages incontrôlables. La sécurité du citoyen Ramgoolam n’a pas été respectée et cela devrait nous interpeller, d’autant plus que les indications d’un risque de débordement de violence étaient présentes.

 

Le surréaliste vol des clés de la voiture de l’avocat Yousuf Mohamed et le saccage de son véhicule témoignent de cette ambiance survoltée. Mais malgré l’hostilité de la foule, les insultes adressées à l’ancien chef du gouvernement, les projectiles lancés, le passage de Ramgoolam ne fut pas facilité, au travers d’un cordon de sécurité, jusqu’au véhicule qui l’attendait pour l’emmener aux Casernes centrales et à Riverwalk. À n’importe quel moment, quelqu’un aurait pu s’en prendre physiquement à la personne de Ramgoolam.

 

Cela étant dit, autant la manière de faire de la police est indigne, autant la découverte de l’incroyable somme d’argent retrouvée à Riverwalk provoque une onde de choc. Une consternation qui laisse place à un malaise sur le plan politique, autant dans le camp rouge que chez les Mauves, avec un leader de l’opposition tellement embarrassé de la tournure des événements qu’il ne veut pas commenter cette affaire. Maintenant que l’on sait que la résidence de Ramgoolam ressemblait à une banque, avec Rs 5 millions découvertes en devises étrangères et ses coffres-forts qui, selon la police, contiendraient une centaine d’autres millions de roupies, il appartient à l’ancien Premier ministre, qui a retrouvé la liberté sous caution, samedi après-midi, d’expliciter et de justifier la provenance de toutes ces liasses de billets. Si ses explications ne sont pas crédibles, on pourrait alors supputer son avenir politique comme incertain, d’autant que le Parti travailliste vient de subir une lourde défaite.

 

Mais on n’en est pas encore là. Pour l’heure, s’il y a une conclusion à tirer, c’est que la police savait pertinemment bien ce qu’elle allait chercher avec cette double perquisition. Ses informations étaient justes. Au final, l’affaire Roches-Noires était un appât qui mènerait à la recherche des millions. Et les millions étaient bien au rendez-vous…

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