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La peur d’Arvin
Arvin Boolell serait-il frappé par la fatalité du syndrome Poulidor, du nom de l’éternel second des courses cyclistes ? Il refuse en ce moment de s’afficher ouvertement comme le challenger de Navin Ramgoolam. Tandis que son parti est secoué par une crise de leadership, celui qui est considéré comme un sauveur par sa famille politique ne montre aucun désir de monter en grade.
Arvin Boolell est sollicité par plusieurs membres de l’état-major des rouges pour prendre les rênes du parti. Lundi, le chef de file du groupe parlementaire du PTr, Shakeel Mohamed, plaidait pour une décision rapide sur la question de leadership du parti et demandait à ses camarades de «mettre de côté l’émotion». L’ancien député Reza Issack est, lui, moins subtil. Il faudrait, dit-il, que Navin Ramgoolam se retire volontairement du leadership. Il qualifie de «légitime» le remplacement de Ramgoolam par Boolell.
Ce n’est pas la première fois que la bête noire du leader du PTr a une occasion de ravir à celui-ci le poste de n° 1 du parti. Mais, à chaque fois qu’il semble près de l’exploit, il a tendance à temporiser, sinon à renoncer à l’affrontement.
Il avait suscité beaucoup d’espoir dans son camp en se risquant, dès le 11 décembre dernier, à revendiquer le leadership du PTr. Mais l’épisode des coffres-forts l’a refroidi. Sans doute, c’est la peur de gagner qui le pousse à rentrer dans sa coquille. Tant qu’il n’arrive pas à s’émanciper de la pesante ombre de Ramgoolam, il ne parviendra pas à vaincre cette peur.
En tout cas, la conjonction des événements n’a jamais été aussi favorable à un changement drastique à la tête du parti. Le congrès qui est programmé pour début mars est une occasion inespérée de renouvellement. D’autant que les péripéties de Ramgoolam, aggravées par ses affirmations douteuses sur le code de ses coffres-forts et l’infection qu’il couve prétendument, l’ont fragilisé.
Il est vrai qu’un fruit mûr tombe tout seul de l’arbre, mais Arvin Boolell dispose aujourd’hui d’une perche pour accélérer le processus.
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