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La hantise de l’euro

18 février 2015, 09:00

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Un mois. C’est le temps qu’il faudra patienter pour être fixé sur le cap économique. La présentation du Budget 2015 ayant été reportée au 23 mars prochain alors qu’aucune date n’a été arrêtée jusqu’ici pour la tenue de la première réunion de l’année du comité de politique monétaire.

 

En attendant, les opérateurs économiques continuent de ronger leur frein. Un sentiment qui est illustré par les commentaires accompagnant les bilans financiers publiés durant la semaine écoulée par les compagnies cotées sur les deux marchés de la Bourse de Maurice.

 

À l’origine des inquiétudes de la communauté des affaires, l’affaissement de la devise européenne face à la roupie mauricienne. Lundi, l’euro s’échangeait à Rs 37,27. Sur trois mois, la monnaie unique a cédé environ 4 %. De quoi donner le tournis à ceux qui perçoivent leurs recettes en euros, à l’instar de la compagnie d’aviation nationale.

 

Le ciel dégagé n’a été que de courte durée pour le transporteur national qui se retrouve à nouveau dans une zone de turbulences. Il a, en effet, basculé sur des pertes de 8,6 millions d’euros sur neuf mois après avoir réalisé des profits de 5,7 millions d’euros pour la période correspondante en 2013.

 

Pour expliquer sa nouvelle situation financière, Air Mauritius pointe du doigt la dépréciation de l’euro. Et de faire remarquer que l’impact négatif net sur la période avril à décembre 2014 a été de l’ordre de 18,5 millions d’euros.

 

Au vu de la présente conjoncture économique, il est difficile d’entrevoir des lendemains meilleurs alors que la Banque centrale européenne se prépare à acheter 1 000 milliards d’euros d’actifs à partir du mois prochain. Une initiative dont les conséquences sont déjà visibles sur la valeur de l’euro. Cela dit, la chute aurait pu être plus vertigineuse pour Air Mauritius n’était-ce le déclin du prix du pétrole.

 

Le secteur hôtelier est logé à la même enseigne. New Mauritius Hotels, qui affiche un recul au niveau de ses bénéfices au premier trimestre de son année financière, jette aussi en partie le blâme sur la dépréciation de l’euro et du rand sud-africain.

 

Le pire, c’est qu’avec la faiblesse de l’euro, la plupart des entreprises entrevoient un amoncellement de gros nuages à l’horizon avec un impact sur la performance au prochain trimestre.

 

De telles perspectives ne font qu’accroître la pression sur les autorités en vue d’un soutien. Et dans la conjoncture économique actuelle, il n’y a pas mille solutions, notamment à court terme. D’où les regards braqués sur la Banque de Maurice. D’autant plus que les pressions inflationnistes se sont grandement atténuées – le taux d’inflation en glissement annuel s’élevant à 0,7 % à fin janvier.

 

À voir les récentes nominations au conseil d’administration de la Banque centrale et l’arrivée de colombes au comité de politique monétaire dans le sillage de l’exercice de renouvellement, il y a fort à parier que le taux directeur sera revu à la baisse car il est estimé qu’à son niveau actuel, le Repo rate est décalé par rapport à certains fondamentaux.

 

Clairement, une telle démarche ne sera nullement contestée par le Trésor public, qui a désormais un représentant sur le comité de politique monétaire. Reste à savoir si c’est pour les besoins d’une meilleure coordination au détriment de l’indépendance. En attendant d’y voir plus clair, ce ne sont pas les opérateurs économiques qui bouderont leur plaisir dans l’éventualité d’un assouplissement monétaire qu’ils ont d’ailleurs réclamé à cor et à cri dans le passé, mais sans grand succès.

 

Cela dit, toute démarche allant dans le sens d’un abaissement du loyer de l’argent doit impérativement être accompagnée de directives claires à ceux qui vont en bénéficier en premier lieu afin de ne pas tomber dans le piège de la facilité.