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Garde-fou

23 février 2015, 06:46

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Garde-fou

Il est un des rares grands commis de l’État à rendre compte de ses actes. Le DPP a tenu à expliquer, ce week-end, les raisons qui l’ont conduit à ne pas faire appel de la libération conditionnelle dont a bénéficié Navin Ramgoolam. Ce geste mérite d’être salué.

 

Sur le fond également, Satyajit Boolell adopte une position qui tranche avec les réflexes orthodoxes. Pour le DPP, une personne présumée innocente ne peut être privée de sa liberté, sauf si les éléments justificatifs sont réunis.

 

La police, elle, tend au contraire à recourir excessivement à la détention préventive. Elle le fait même quand son enquête en est encore à ses balbutiements. C’est une dérive susceptible de porter atteinte aux libertés individuelles.

 

En jouant la carte de la transparence, le DPP favorise l’information du public. À ce sujet, également, il existe une crainte légitime à propos de l’attitude de la police. Elle veut limiter le droit à l’information.

 

Dans un communiqué émis samedi, la police demande à la presse de ne pas publier des articles «containing confidential matters prejudicial to the ongoing enquiries.» avant de lancer une menace : «The Police also inform that these occurrences may give rise to an investigation...»

 

C’est vrai qu’il est difficile d’arbitrer entre le Droit à l’information et le secret de l’enquête. Mais dans les pays progressistes, la police opte pour la transparence, pas le secret.

 

Les médias devraient pouvoir accéder à l’information, et la diffuser, car les affaires Ramgoolam ont suscité le plus grand intérêt. Si la police veut imposer le silence, elle doit en réaliser les conséquences. C’est dans le silence que naissent les rumeurs les plus folles.

 

Pour l’instant, le PTr se fait l’allié de la police et veut faire taire les journalistes. Aujourd’hui, le parti veut protéger un leader accablé par la diffusion des images de ses coffres-forts débordants de billets. Mais demain, si les enquêtes policières glissent vers l’arbitraire, la transparence va jouer en sa faveur. Car la presse remplira alors son rôle de garde-fou.