Maintenant que le décompte du contenu des coffres et des valises de River Walk  est terminé, il importe que l’on laisse la justice suivre son cours.  Chacun de nous a sa propre idée sur la culpabilité ou non de l’ex-Premier ministre. Mais, selon l’esprit de la loi, Ramgoolam est présumé innocent tant que sa culpabilité ne sera pas établie par une cour de justice. Bien sûr, il y a eu de timides atteintes au travail de la police comme cette déclaration de Me. Yousouf Mohamed qui soutenait que la police agissait sur ordre venu d’ailleurs. Mais Me. Mohamed avait aussitôt fait son mea culpa pour remettre les choses dans leur justes  perspectives en reconnaissant que l’ACP Jangi  avait agi en bon policier.  Un bon point pour le sens de la justice.

En revanche, on comprend mal la démarche de Me. Gavin Glover  qui déclarait dès le matin du vendredi 13 février que le décompte allait prendre fin dans l’après-midi même et qu’il n’a pas retiré la motion qui contestait l’obligation faite à Navin Ramgoolam d’être à la disposition de la police 24 heures sur 24 .Une fois le décompte terminé on voit mal la police le convoquer à des heures impossibles. S’il l’a été en une occasion, c’est tout probablement parce que la police avait des doutes sur l’état de santé de Ramgoolam,  malgré le fait qu’il ait produit un certificat médical. Tout le monde sait qu’une pneumonie ne se soigne pas en 24 heures. 

De plus, vu la gravité de l’affaire, on aurait pu penser que Ramgoolam aurait présenté sa démission de son parti. Admettons que les membres du parti,  grands adeptes de la déification de leur leader, ne lui auraient jamais sorti le carton rouge. C’était à lui d’être magnanime en présentant sa démission. Que nenni !  Il compte rester pour  éventuellement revenir  plus tard.  Imaginons déjà la vendetta  qui en découlerait,  si d’aventure le peuple le reconduirait au pouvoir un jour.  Pour délit  d’opinion,  le docteur Curé,  le  fondateur du PTR en 1936 avait été expulsé  de son parti,  sans  avoir à aucun moment connu le moindre soupçon d’avoir commis un délit de droit commun.

               Selon une biographie de Stenio  Félix,  le docteur Curé voulait, en créant le PTr,    s'adresser «à ceux que l'égoïsme n'aveugle pas, ceux qui ne sont pas insensibles au tableau de la misère engendrée par le chômage, la maladie, les salaires bas.»

La seule déclaration de Ramgoolam, depuis toute cette affaire, est qu’il est un battant et qu’il allait se battre pour laver son honneur. Soit ! Mais cette affaire Ramgoolam ne concerne pas que l’honneur de l’ex-Premier ministre. Les images des coffres et valises ayant fait le tour du monde,  c’est tout l’honneur de l’île Maurice qui a été atteinte. Tout cet argent liquide en devises diverses qui tombait du coffre ouvert et cette valise bourrée de liasses de dollars...  Oui, l’ex-Premier Ministre aura intérêt à défendre son honneur mais tout aussi celui du pays.  Les Mauriciens l’attendent au tournant.