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Parfum de scandale

6 mars 2015, 07:14

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Les autorités ont du mal à démêler l’écheveau Dufry car les jeux cyniques du grand banditisme financier ne peuvent être décryptés du premier coup. Pour le grand public, l’affaire est incompréhensible, à l’image des circuits ingénieux qui ont été mis au point pour canaliser les fortes sommes en jeu. Tentons de donner quelques clefs pour comprendre.

 

Le scandale se déroule à deux niveaux. D’abord, Dufry décroche, en 2012, un contrat d’approvisionnement pour fournir des produits aux boutiques hors taxes de l’aéroport. Pour rétribuer les courtiers qui l’ont mise en relation avec la Mauritius Duty Free Paradise, la compagnie suisse a versé entre octobre 2012 et janvier 2015 la somme de Rs 80 millions.

 

Puis, il y a un deuxième contrat signé un an plus tard. Il s’agit cette fois d’un contrat de gestion de tous les magasins duty free signé avec la société Dufry. Celle-ci prend alors l’engagement de payer 49 % de ses profi ts aux mêmes courtiers. Les montants des commissions tourneraient autour de centaines de millions de roupies.

 

Dans le premier cas, plusieurs documents établissant le paiement des commissions ont été remis au gouvernement par la firme Dufry elle-même. Ces paiements sont justifiés par un Agency Sales Agreement qui fixe la rémunération des intermédiaires à 4,2 % du montant des ventes de la MDFP. La prestigieuse enseigne ne pouvait prendre le risque d’être éclaboussée par des soupçons en refusant d’accéder à la requête du gouvernement de soumettre les documents sollicités.

 

Dans le second cas, le paiement des commissions n’est pas justifié. Personne ne comprend pourquoi une société privée, Dufry, ayant bénéficié du contrat de gestion d’une société publique, la MDFP, doit verser la moitié de ses profits à un trio composé d’amis proches de l’ancien Premier ministre.

 

Il reste ce que l’on peut appeler le troisième épisode de l’affaire, même s’il n’a qu’un caractère anecdotique. Trois ministres ont mis la pression sur deux employés de Dufry, un soir dans un appartement à Quatre-Bornes, en vue d’amener les patrons de la société à fournir la preuve que des commissions ont été payées. Cette technique s’est avérée fructueuse.

 

Un éventuel épilogue judiciaire de l’affaire n’interviendra qu’après les investigations de la FIU et de la police.