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Interrogations
Cette semaine a été faste : je me suis interrogé quatre fois. Sans trouver de réponse à mes questions.
D’abord, me suis-je interrogé, comment est-ce que le scandale «FryduFry» peut bien prendre corps ? Je vous explique d’où vient mon raisonnement : il y a une bonne dizaine d’années, j’ai vu, grâce à la télévision satellitaire, une interview de Mobutu Sese Seko, l’homme-léopard qui valait entre 1 et 5 milliards à la fin de sa carrière. On parle US dollars. Lors de l’interview réalisée par un journaliste belge, il fut un moment où le jeune journaliste, rassemblant son courage (et il en fallait car il était au Congo !) lui demanda s’il avait quelque chose à dire sur les rumeurs de corruption le pourchassant et il obtint, comme réponse, le «scoop» suivant (à quelques mots près…) : «Mon cher ami, où croyez-vous que j’ai appris cela ? J’étais dans ma jungle, moi, en train de manger de la banane et du crocodile, moi, et c’est chez vous, dans le monde civilisé, que j’ai appris tout cela !»
Alors, je m’interroge. Ils ont beau être des businessmen redoutables mais du tandem Gooljaury et Soornack, qui a bien pu imaginer un tel montage et, même, oser aller voir une firme suisse cotée en Bourse, s’il vous plaît, pour leur proposer ce qui ressemble diablement à un pont d’or taillé sur mesure ? Sont-ils à ce point brillants ? Ou serions-nous dans un schéma où ils n’ont fait que reproduire (en mieux peut-être ?) ce qui se pratiquait déjà d’un gouvernement à un autre avec, à la genèse de cette pratique, une compagnie étrangère qui est venue montrer à nos hommes politiques qui comptent (et qui savent compter…) comment passer de la banane aux truffes et du croco au Kobe beef ?
Qui va répondre ?
Ma deuxième interrogation fut provoquée par M. Gayan, et le cynisme avec lequel il a tenté de défendre la nomination de Mlle Samputh dans une institution relevant de son ministère, sans appel à candidatures et simplement, semble-t-il, parce qu’il la connaît bien. Très bien même. Ce qui lui était… suffisant.
Mon interrogation ? Comment fait-on pour écrire une Tribune, pendant des années, dans l’express en plus, en faisant constamment la leçon aux autres, notamment sur le mot «meritocracy» dans ce qu’il appelait ironiquement «plaisir country» et faire exactement le contraire une fois arrivé au pouvoir ? J’ai retrouvé l’usage du mot «meritocracy» au moins 6 fois dans les écrits de M. Gayan entre 2012 et 2014. Je n’ai pas perdu mon temps à en chercher les variantes, style «égalité des chances» mais le cynisme avec lequel il a changé son fusil d’épaule est ahurissant. «Government is government and government decides !» On la retiendra celle-là !
Ma troisième interrogation : peut-on faire une omelette sans casser des oeufs ? Clairement pas ! Mais quand on fait une omelette, doit-on aussi salir la cuisine au-delà du raisonnable, jetant de l’huile sur le carrelage et du jaune d’oeuf dans le pot de sel ? Je ne le pense pas non plus ! Pour la soirée du 16 février dernier chez l’Attorney General, le Premier Ministre ainsi qu’Ivan Collendavelloo ont sans doute raison d’approuver l’initiative ministérielle à la recherche de documents et de preuves pour éclairer le public sur des contrats potentiellement scélérats. Mais l’omelette pourrait bien être baveuse au-delà du raisonnable si (et il nous faudra certainement attendre les enregistrements présumés pour en avoir confi rmation) on avait offert d’échantillonner les charmes de nos jeunes filles pendant les «vacances» forcées des représentants de Dufry, si M. Gooljaury, véritable deus ex machina de plusieurs gouvernements, qui se déclare «ami» du ministre Pravind Jugnauth depuis… 15 ans, a effectivement «informed that the present government will be even more flexible if we provide them with the same ‘deal’ that was allegedly offered to the previous government » (paragraphe 5, répété au paragraphe 26), et si M. Bhadain (paragraphe 44) avait effectivement admis que Messieurs Galet et Carevic (qui jurent l’affidavit du 26 février) n’y sont pour rien, mais que les bloquer à Maurice était «the only way to put pressure on Dufry AG and its CEO to get the requested documents» pour détruire l’ex-PM et sa maîtresse (paragraphe 28). On aurait donc gardé des otages et demandé une rançon !? Deux ministres et l’Attorney General ! 800 ans après la Magna Carta… ?
Et finalement : pourquoi est-ce que ces deux officiers de Dufry AG choisissent la voie de l’affidavit sans enregistrement, plutôt que de le faire avec, doublé d’une lettre au PM, avec copie au président, suivi tout simplement d’une poursuite en bonne et due forme devant une cour de justice ?
Pourquoi donc faire durer le plaisir ?
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