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Langage de vérité

18 mars 2015, 07:40

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Il a beau être magicien de l’économie, mais Vishnu Lutchmeenaraidoo ne saurait réussir son numéro sans administrer quelques pilules amères. D’autant plus qu’il a placé la barre très haut. Le ministre des Finances s’est fixé un objectif de croissance de 5,7 % pour l’exercice financier 2015-16. Il ne pourra éviter, dans la recette à l’aigre-doux qu’il nous servira lundi prochain, une dose importante de la composante la moins agréable.

 

Pour obtenir les résultats escomptés, le ministre devra, bien entendu, jouer sur plusieurs tableaux. Mais, il doit s’appesantir sur l’effort au travail et la productivité. Deux facteurs dont la contribution à la croissance reste en deçà des attentes. Maurice ne peut pas se permettre d’être à la traîne par rapport à l’efficacité s’il entend franchir un nouveau palier dans son développement.

 

Si le ministre tient le langage de vérité, il prend le risque de se mettre dans une situation de confrontation avec les syndicats. Seulement, le tour sera joué s’il manie adroitement sa baguette magique pour parvenir à des gains de productivité tout en maintenant la paix sociale.

 

Tant le ministre des Finances que le Premier ministre ont exhorté, ces derniers jours, la population à travailler plus pour gagner plus. Le second miracle économique ne se concrétisera que si la population est prête à consentir des efforts, déclarait Vishnu Lutchmeenaraidoo à la MCCI. Pour sa part, à l’occasion de la Fête nationale, Anerood Jugnauth faisait un appel à «la culture du travail» et affirmait que «nous n’aurons rien sur un plateau, nous devons faire des efforts».

 

Cet objectif est à la portée du pays. À condition que les gouvernants osent bousculer quelques traditions. Pour démarrer, il faut s’attaquer à des anomalies qui ont trop perduré. Par exemple, il n’est pas logique d’indexer la compensation salariale uniquement sur le taux d’inflation et non sur la productivité. Il y a des institutions à revoir. Le National Remuneration Board, le Pay Research Bureau et les tripartites annuelles sont des anachronismes qu’il faut corriger sans froisser les partenaires sociaux. Cela ne relève pas de la magie, mais du funambulisme.