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La méthode Basant Roi
Pour sa première réunion de l’année, le nouveau comité de politique monétaire (CPM) a joué de prudence. D’ailleurs, le Gouverneur de la Banque centrale l’a lui-même confirmé à une question de Business Magazine sur le message du CPM au marché avec le maintien du taux directeur à 4,65 %. «Nous sommes prudents», a-t-il fait ressortir.
Dans la conjoncture actuelle avec les remous dans le paysage financier suivant la révocation de la licence bancaire de la Bramer Banking Corporation et la mise sous saisie conservatoire de l’assureur BAI, il aurait été délicat de changer de cap monétaire.
Avec la décision de garder les taux inchangés et de surcroît à l’unanimité, la Banque de Maurice évite soigneusement de désorienter davantage un marché en quête de repères dans le sillage des événements qui tourmentent la place financière.
Plusieurs raisons expliquent la position de la Banque centrale. Primo, il n’y a pas de pressions inflationnistes à l’horizon. D’ailleurs, les analystes de la Banque centrale tablent sur une inflation modérée de 3 % pour cette année. Les deux mesures, c’est-à-dire la Headline inflation et la Year-on-year inflation, étaient à 2,5 % et 2,2 % respectivement à fin mars. Le CPM a aussi tenu compte de la stabilisation relative de la roupie. Selon les derniers chiffres disponibles, la monnaie locale s’est dépréciée face aux principales devises au mois de mars, comme en témoigne l’indice MERI.
Ayant pris connaissance des derniers développements sur le plan global et la performance de l’économie domestique au dernier trimestre de 2014 – une croissance de 3,7 % –, la Banque de Maurice estime que les activités ne peuvent que se renforcer. Il est attendu que les mesures budgétaires viendront booster la confiance et impacteront positivement sur l’investissement. Résultat, la BoM prévoit une croissance économique de 4,3 % pour cette année. Un optimisme qui fait tiquer plus d’un eu égard à notre track-record peu enviable sur l’investissement ces dernières années.
Toutefois, ce qu’il faut retenir malgré la posture prudente de la Banque centrale, c’est qu’un vent de changement soufflera prochainement sur la pratique de la politique monétaire. Non seulement le nouveau Gouverneur semble avoir rallié les membres du CPM à sa cause, mais il pourra aussi compter sur le soutien du Trésor public dans sa démarche de «reconnecter le taux directeur au marché». Ce qui n’est pas le cas actuellement, selon ses dires.
Dans le passé, son prédécesseur, Rundheersing Bheenick, a également évoqué la rupture du mécanisme de transmission monétaire en maintes occasions. Mais les remèdes proposés diffèrent de la méthode de la nouvelle direction de la Banque.
Si Bheenick estime qu’en agissant sur le taux directeur à travers un tour de vis, il aurait pu régler le problème souvent mis à l’index par les analystes locaux et étrangers, en revanche, Ramesh Basant Roi propose une tout autre stratégie. Celle-ci portera notamment sur une réduction du coefficient de trésorerie (cash reserve ratio) et une réforme du mode d’adjudication des bons du Trésor. Car il est considéré que le présent système ne fait qu’encourager les banques à se battre afin de pouvoir placer leurs excès de liquidités dans les obligations de l’État.
L’objectif ultime de cette initiative visant à éponger l’excès de liquidités, qui est actuellement à Rs 17 milliards, est de s’assurer que tout mouvement du taux directeur soit effectivement transmis à l’économie. Nous devrions voir plus clair dans les plans de Basant Roi d’ici à la prochaine réunion du comité de politique monétaire au mois de juillet. Entre-temps, le ciel financier se sera éclairci.
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