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Super cash machine
25 000 familles sont dévastées par la décision de l’État d’ignorer une catégorie de clients lésés par la fermeture de BAI Co (Mauritius). Cet événement a entraîné pourtant, pour un grand nombre des laissés-pour-compte, la perte des économies d’une vie.
La mesure gouvernementale engendre déjà des drames humains terribles. Une souffrance cachée, parce que les sacrifiés appartiennent majoritairement à une classe moyenne, par tradition silencieuse. Ils n’expriment pas ouvertement leur frustration. Cette discrétion qui les caractérise pourrait d’ailleurs expliquer la décision des dirigeants du pays de pratiquer une discrimination à leur encontre.
Le ministre des Services financiers ne leur laisse aucune possibilité de recours. Lundi, lors de sa conférence de presse, il a recommandé aux victimes de l’arnaque de s’adresser au parrain de l’empire BAI, Dawood Rawat, pour régler leurs comptes.
Monsieur Bhadain devrait savoir que se faire justice et se venger soi-même n’est pas un comportement acceptable dans un État de droit.
À la même occasion, le ministre a détaillé la méthode Rawat. Son récit est glaçant. Face au détournement massif de l’argent des assurés, et l’horreur du scénario qui s’annonçait si la fraude se poursuivait, on ne peut qu’applaudir le courage politique du gouvernement de mettre un terme aux frasques présumées du groupe. Mais, le gouvernement était mal préparé pour affronter un adversaire aussi habile. Donc l’opération s’est faite sur le dos des honnêtes épargnants.
Dans l’excitation du combat, qui le mène à inciter les victimes du «Ponzi» à se rendre chez Dawood Rawat, le ministre oublie la responsabilité de l’État. Il doit admettre qu’aucune institution publique n’a réagi même si le FMI et la Banque mondiale ont alerté le gouvernement quant aux risques du système Rawat. En 2004, puis en 2007, un «Financial Sector Assessment Report» préparé conjointement par les deux institutions prévient des dangers et parle de «putting policyholder reserves at risk». Les experts réitèrent leur avertissement en mai 2012 : «A number of issues have arisen with respect to a particular conglomerate and which could arise in other cases… The mission found that the issue had not been resolved… the issues are potentially serious for the policyholders, depositors and investors…» Les autorités n’ont rien fait.
Même si une nouvelle équipe est au pouvoir depuis décembre 2014, le principe de continuité de l’État devrait s’appliquer. C’est aux portes des ministres que les victimes devraient frapper, pas à celles de Rawat.
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