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Faits et interrogations: on lève enfin (un peu) le voile!

14 avril 2015, 00:05

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Faits et interrogations: on lève enfin (un peu) le voile!

La conférence de presse de Roshi Bhadain, le lundi 13 avril, soit 10 jours après le retrait de la licence bancaire de la Bramer Bank qui déclenche tout, aura été un tournant.

 

En effet, il nous est, enfin, donné des éléments chiffrés, tangibles qui commencent à expliquer, même si on avait tous déjà nos doutes, ce qui s’est effectivement passé dans l’affaire BAI. Le mot «Ponzi» n’est désormais plus tout à fait interdit, dès lors qu’il est suggéré (mais pas encore prouvé) par M. Bhadain que les SCB Gold frais étaient nécessaires pour rémunérer les anciens comptes et boucher les trous divers du groupe relevant d’investissements colossaux qui perdaient de l’argent (sauf, semble-t-il, pour l’activité financière du Kenya) ! En effet, si l’argent «frais» ne s’investissait pas, mais remplaçait ce qui avait été déjà phagocyté, ça ressemble à du Ponzi...

 

Et en deux mots, ceux qui disaient, comme Shakeel Mohamed, par exemple, que c’est un «hold-up de l’État» auront, on le craint, désormais de sérieux problèmes pour étayer leurs dires. Ceux qui comme M. Gupte ont parlé de «muslim bashing» passeront pour les charlatans qu’ils sont. Et les membres de la direction de la BAI, notamment Dawood Rawat et ses proches, ne pourront plus s’accrocher à leur sourire hypocrite et dire (communiqué du dimanche 12 avril qui se termine d’ailleurs par le mot «FIN») que la dégringolade de leur empire est «injuste et aveugle» et que la priorité du groupe a été «avant tout» les 355 000 clients et les 8 000 emplois en jeu...

 

Car, ce que l’on entrevoit maintenant, c’est que l’État n’avait plus le choix ! Le work out de la BAI pour réduire la part des investissements canalisés vers les compagnies du groupe et qui, sur les deux dernières années, a ramené ce chiffre de 84 % du total en 2012 à 58 % en décembre 2014, c’est bien, pour sûr, mais, à ce stade-là, il fallait quand même constater que ce n’était plus du tout suffisant !

 

En effet, il nous est maintenant «révélé» que pour l’année financière 2012, la perte annuelle avait été de USD 100 M (soit Rs 3 milliards au taux de change de l’époque) et il fut alors constaté une insuffisance d’actifs de Rs 10 milliards déjà au niveau consolidé de Klad Investment, le «ultimate holding» du groupe. On ne nous dit pas encore sur la base de quelles évaluations d’actifs il y avait déjà ce «trou», mais on peut sans doute suggérer que la situation ne s’est pas améliorée depuis…. .

 

QUESTIONS :

(1) Depuis quand, avant 2012, y a-t-il des états de situation du même genre, c’est-à-dire révélateurs de sérieux «trous» d’actifs et de pertes colossales au niveau consolidé ?

 

(2) Qui a connaissance de cet état des choses, à quel moment ; qui s’assoit pourtant sur sa conscience et sur son sens de la responsabilité et qui attend que l’on pille encore des clients de SCB Gold ? En effet, par exemple, ils sont 2 478 nouveaux clients à être attirés en 2013 et 2 711 à nouveau en 2014, apportant au-delà de Rs 5,5 milliards de plus à l’empire déjà à genoux et presque déjà parti en fumée ! RÉPONSE : Au moins Dawood Rawat et ses proches collaborateurs, ainsi que KPMG l’auditeur, mais aussi sûrement la FSC ? Le FRC ? La BoM ?

D’autres ? Le moment où les divers protagonistes prennent conscience de cette situation catastrophique est important et il y a sûrement un moment, même avant 2012 où, comme un banquier, il fallait admettre qu’attendre plus longtemps et tenter de préserver le «going concern» relevait de la folie puisque la saignée procédait de plus belle, que l’on continuait à «throw good money (même pas le leur !) after bad» et que la préservation de la compagnie pourrie équivalait même peut-être à la subventionner, elle et ses méthodes, face à ses concurrents propres qui devaient eux, faire face au monde... bien plus réel.

 

(3) Si les comptes 2013 et 2014 sont disponibles pour les compagnies individuelles (ce qui implique, selon la déontologie des auditeurs, que la vue d’ensemble, consolidée, est connue), où sont donc les comptes consolidés au niveau de KLAD pour ces deux années-là et où peut-on les consulter ?

 

(4) Le tableau publié par l’express du 14 avril illustre parfaitement l’explosiondu SCB Gold en 2008 (7 fois plus de clients qu’en 2007, pour un apport de dépôts «frais» de 4 fois plus,soit presque Rs 3 milliards cette année-là). Ce phénomène correspond quelque part avec l’exploitation au moins opportuniste de la taxe sur les intérêts introduite par Rama Sithanen sur les dépôts bancaires, dans le Budget de 2007. En effet, un «selling feature» majeur du SCB Gold qui avait alors consterné les banquiers, était que les intérêts de ces produits-là étaient, eux, EXEMPTÉS de la taxe. Cette manne de cash-flow permet l’expansion accélérée de la BAI…

 

(5) La National Insurance Co Ltd, compagnie d’État qui reprend à son compte les 135 283 polices d’assurance- vie sur la base d’un capital de Rs 25 millions seulement, montre que le gouvernement insiste à discriminer contre les SCB Gold. Sur quelle base ? Comment fait-elle pour réconcilier son choix avec les clauses 54(3), 55(3) et 56(1) (b) de l’Insurance Act (qui demandent entre autres le consentement écrit de tous les policyholders). Sans compter que les conservateurs doivent apparemment trouver dans les actifs restants du «château de cartes» aujourd’hui écroulé du cash-flow pour assumer ces Rs 3,9 milliards de «liability» à terme ! Or ce cash-flow sera évidemment détourné de la même assiette devant rembourser les SCB Gold du peu auquel ils pouvaient encore aspirer au vu du «trou» colossal aujourd’hui confirmé ! Est-ce bien normal ?

 

Si l’on a un peu levé le voile, il reste, encore, de nombreuses questions en suspens. Comme déjà maintes fois souligné, il est impératif de communiquer vite et bien, de tout déballer pour éviter les spéculations et afin de rétablir la confiance aussitôt que possible. Ceci passera évidemment par le processus d’identifier les responsables de la débâcle et de ne pas les laisser s’en sortir sans casse, d’autant qu’au moins 24 000 personnes n’en sortiront pas indemnes!