Publicité

La prophétie

16 avril 2015, 11:10

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le cyclone financier provoqué par la révocation de la licence bancaire de la Bramer Banking Corporation et la mise sous régime conservatoire de l’assureur BAI est très riche en enseignements. Il nous permet, en effet, de voir sous un autre jour notre centre financier international dont on nous chante les louanges à chaque fois que la situation s’y prête. Il ne s’agit certainement pas d’être wise after the event, mais de saisir l’opportunité de cette crise pour apprendre de nos erreurs. C’est d’autant plus important que le pays aspire à devenir un modèle de référence comme place financière internationale dans cette partie du monde.

 

Premier enseignement. L’affaire dite BAI est venue mettre en lumière des failles importantes dans le système de surveillance de risques et de régulation. Des failles exacerbées par un manque de coordination entre régulateurs. Il ressort, selon une mission du Fonds monétaire International datant de 2012, que la Banque de la Maurice et la Financial Services Commission (FSC) ne «coopèrent pas suffisamment, voire ne coordonnent pas efficacement leurs fonctions régulatrices».

 

Or, ce genre de déficit, pour ne pas dire l’absence de dynamisme dans un environnement financier en pleine mutation, ne pardonne pas. Au contraire, il favorise l’émergence de No man’s land, c’est-à-dire des zones non contrôlées car les instances régulatrices sont trop occupées à délimiter, voire à défendre ce qu’elles considèrent être leurs territoires respectifs.

 

D’ailleurs, il est connu que la Banque centrale a, dans un récent passé, fait état de son insatisfaction par rapport à la structure régulatrice considérant que sa capacité à mener à bien son rôle de garant de la stabilité financière est compromise. Cela en raison de son incapacité à avoir un accès direct aux informations tou-chant au secteur financier dans son ensemble. D’où le plaidoyer de l’ancien Gouverneur, Rundheersing Bheenick, en faveur d’une fusion de la Banque de Maurice et de la Financial Services Commission.

 

Deuxième leçon. Une plus grande homogénéité est primordiale afin d’éviter les épisodes de «pas mwa sa li sa» de triste mémoire que nous avons vécus dans le sillage de l’éclatement de l’affaire Whitedot et Sunkai. 

 

Faut-il insister sur l’importance des mécanismes d’échanges qui, soit dit en passant, se sont souvent révélés défaillants ou pire qui ne sont pas actionnés à temps surtout dans les cas impliquant des institutions qui sont soumises à la fois aux réglementations de la Banque de Maurice et de la FSC? Avoir des exigences qui ne sont pas toujours cohérentes n’est pas pourarranger les choses.

 

Dans ce contexte, les recommandations de l’institution de Bretton Woods invitant la Banque de Maurice et la FSC à s’engager dans des «joint war games in which they play out their reaction to a crisis in the financialsector» se sont révélées prophétiques.

 

«Il y a un avantage à élaborer des scénarios tels que la faillite d’une compagnie d’assurances et qui se trouve dans l’incapacité d’honorer une grosse réclamation de la part d’une banque étrangère. Les deux instances régulatrices devront élaborer un plan de gestion de crise en considérant les mécanismes qui seront adoptés…». Ce scénario tel que l’avaient imaginé les experts du FMI pour inciter les deux institutions régulatrices à mieux coordonner leurs actions semble s’inspirer des événements qui nous occupent sur la place financière. 

    

Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de repenser l’infrastructure financière du pays, d’harmoniser le système de régulation et de combler les vides existants afin de faire obstacle à toutes formes d’intermédiation de crédit hors du circuit traditionnel pouvant entraîner des risques systémiques.

C’est le temps de la réforme !