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Maladie providentielle
Quand la justice prend en grippe un suspect, celui-ci ne trouvera pas de remède plus efficace qu’un bon certificat médical. Ici, comme ailleurs, la justice a tendance à montrer beaucoup de tendresse envers ceux qui ont une santé délicate. Ainsi, comme il est souffrant, Dawood Rawat peut se rassurer : il n’aura pas à faire face à la justice mauricienne pour se défendre contre les allégations de blanchiment.
Le cas le plus célèbre d’un personnage étranger qui a pu échapper à un procès grâce à son état de santé est celui de l’ancien dictateur chilien, Augusto Pinochet. En 1998, alors qu’il est à Londres, le général est placé en état d’arrestation à la suite d’un mandat d’arrêt international émis par un juge espagnol. Le gouvernement britannique donne initialement le feu vert pour les audiences en vue d’une extradition mais déclare finalement que la condition de Pinochet ne lui permettait pas de se présenter à un procès. Le dictateur quitte la Grande-Bretagne en fauteuil roulant, mais, dès son arrivée au Chili il se lève et va saluer ses partisans, relateWikipedia.
Personnage d’envergure moindre certes, le Mauricien Teeren Appasamy a néanmoins emprunté une voie semblable. Soupçonné d’être le principal bénéficiaire d’une fraude impliquant presque un milliard de roupies, l’homme d’affaires, installé en Grande-Bretagne, développe une maladie providentielle quand Maurice réclame son extradition. Il échappera à la demande d’extradition.
Les péripéties de l’ancien directeur d’Air Mauritius, Harry Tirvengadum, arrêté en 2001 quand éclate l’affaire de la Caisse noire, sont encore plus dramatiques. Transporté sur une civière vers la salle d’audience, il parvient à obtenir la fin de son procès pour raison de santé. Toutefois, quand un e-mail fait état, quelques années plus tard, de conseils qu’il donnait à Soobiraj Bungsraz fraîchement nommé à la tête d’Air Mauritius, il devenait clair qu’il n’était pas le «légume» que ses avocats avaient voulu faire croire. Du coup, le DPP ordonne la réouverture du procès. Re-civière, re-radiation des charges.
Pour les malades qui veulent s’opposer à une demande d’extradition aujourd’hui, il sera difficile d’invoquer l’absence de soins adéquats au pays. Car, il existe désormais des cliniques cinq étoiles chez nous, assure-t-on.
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