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Désamorcer la bombe

30 avril 2015, 11:22

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Maurice est en passe de franchir une nouvelle étape de son développement. Qui n’a pas entendu cette phrase de la bouche de nos dirigeants politiques ?

 

Depuis quelques années déjà, les gouvernements successifs nous annoncent le franchissement d’un nouveau palier de croissance tantôt à travers un discours-programme, tantôt au détour d’un discours budgétaire. Mais à la fin de la journée, nous sommes obligés de faire face à la dure réalité : le pays n’est toujours pas sorti du piège du revenu intermédiaire. La preuve ayant été faite par le taux de croissance de ces dernières années.

 

Plusieurs raisons expliquent le piétinement de l’économie, dont les obstacles externes. Mais, ce qui devrait nous préoccuper davantage, ce sont les freins à l’interne sur lesquels nous n’arrivons pas à agir bien que nous soyons conscients de leur existence.

 

C’est pourquoi le communiqué du Conseil des ministres en date du vendredi 24 avril faisant état de la décision du gouvernement de retenir les services d’un consultant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour évaluer les tendan-ces démographiques et revoir la National Population Policy est porteur d’espoir.

 

Il était temps ! Car au vu des projections – la proportion de la population âgée de plus de 60 ans passera de 13,8 % à26,6 % en 2033 tandis que celle des moins de 15 ans chutera à 14,3 % en 2033 contre 20,4 % en 2013 – le pays pourrait se retrouver avec une situation des plus compliquées à gérer sur le plan démographique, pour ne pas dire explosive.

 

Du point de vue de la pension, les analystes ont été nombreux à tirer la sonnette d’alarme, mais sans réel succès jusqu’ici. Au rythme actuel, il sera difficile pour l’État de payer une pension de vieillesse aux prochaines générations si aucune mesure n’est prise pour réformer le système. Dans le cas qui nous concerne, c’est la pension non contributive qui de-viendra insoutenable car puisant son financement directement du Budget.   

 

La pension de vieillesse, qui représente aujourd’hui 2 % du produit intérieur brut (PIB), atteindra 6 % du PIB dans une qua-rantaine d’années. Ce qui veut dire que pour assurer la pérennité du système, il sera nécessaire d’augmenter la pression sur la population active. Une option qui risque de donner lieu à des conflits intergénérationnels avec des conséquences très graves sur notre société.

 

À moins que le gouvernement ne se décide à avancer sur la réforme réclamée par nombre de bailleurs de fonds depuis plus d’une quinzaine d’années. Certes, l’introduction ratée du ciblage en 2004 a rendu frileuse la classe politique, mais là encore, nous devons apprendre de nos erreurs. Il y a toujours moyen d’affiner la formule, afin de la rendre moins stressante pour les aînés.  

 

Dans le même souffle, pourquoi ne pas se pencher sur les bénéfices d’une défiscalisation des plans de pension privés comme c’était le cas avant 2006 ? 

 

Pour désamorcer la bombe à retardement que représente la pension de vieillesse, il y a aussi les prescriptions de l’économiste Pierre Dinan. Il préconise ni plus ni moins qu’une politique de natalité. «Pour que notre population se maintienne à un million et plus, chaque femme en âge de procréer doit avoir un ratio de 2,1 enfants. Le problème c’est que nous sommes en deçà de 2», avait-il soutenu dans une entrevue à  Business Magazine. 

 

D’autres instruments, à l’instar de l’impôt sur le revenu, peuvent aussi être mis à contribution pour encourager les parents à avoir plus d’un enfant. Actuellement, le seuil d’exemption pour un contribuable avec un «dépendant» est de Rs 385 000. Il passe à Rs 445 000 pour deux «dépendants» et à Rs 485 000 pour trois. Ce qui représente une hausse de seulement Rs 40 000 entre les deuxième et troisième paliers.

 

Or, à notre sens, pour relancer le taux de natalité, les autorités devraient relever de manière substantielle –voire de Rs 200 000 – le seuil de défiscalisation pour les contribuables ayant trois enfants sous leur responsabilité. Le manque à gagner qui en résultera à l’item de l’impôt sur le revenu sera compensé par des recettes additionnelles sous forme de taxe à la valeur ajoutée à tra-vers la consommation.