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République rénovée
Le pays est vraiment à la croisée des chemins. Il doit choisir entre la fin de l’impunité des notables et une parodie de justice qui n’agit jamais contre les politiques. Toutefois, avec la cinquième arrestation de l’ex-Premier ministre, Navin Ramgoolam, survenue hier, il semble que la République est décidée à prendre la voie démocratique. Celle qui garantit l’égalité devant la loi.
Pendant longtemps, les politiciens ont estimé qu’il existait un pacte secret par lequel un camp évitera de traîner l’autre devant la justice. Cet accord, s’il a jamais existé, vole en éclats aujourd’hui. Plusieurs dignitaires de l’ancien gouvernement sont concernés par des enquêtes de police. L’ancien Premier ministre a été arrêté hier pour la cinquième fois en cinq mois. Il a accumulé une douzaine de chefs d’accusation. Manifestement, il y a une rupture avec les moeurs anciennes.
À partir de maintenant, l’histoire va se répéter. Quand l’alternance surviendra et qu’une nouvelle majorité s’installera aux commandes, il faut s’attendre à un retour de balancier. À chacun son tour, peut-on dire. Les décideurs publics vivront désormais sous la menace d’avoir des comptes à rendre à la justice pour tout acte délictueux.
Le défilé des politiciens présumés corrompus aux Casernes centrales ne peut que réjouir la population. Le pays en sort gagnant. À condition que les enquêtes et les éventuelles poursuites ne soient pas motivées par des considérations politiques. Au cas contraire, le gouvernement sera accusé d’abuser des institutions pour exercer une vengeance politique. Il sera alors sévèrement condamné par le tribunal de l’opinion.
Certes, il incombe à la justice de déterminer si un prévenu a enfreint ou pas les lois du pays. Mais, dans le cas de Navin Ramgoolam, il faut reconnaître que les éléments portés à la connaissance du public, à ce stade, sont suffisants et assez crédibles pour justifier la poursuite des enquêtes. Ses valises et coffres-forts débordant de liasses de billets méritaient légitimement une enquête approfondie. Certains qualifient ce processus juridique impliquant les ex-notables de nettoyage. Parlons plutôt de rénovation de la République.
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