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Ne grexitons pas nos responsabilités !
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Ne grexitons pas nos responsabilités !
L’exemple grec est édifiant mais sans doute salutaire, si on veut bien l’analyser. Ce que l’on voit aujourd’hui, grâce aux mémoires courtes des Grecs, c’est un peuple apparemment volontaire voulant se révolter contre ses prêteurs (FMI, BCE et banques diverses) qui demandent des sacrifices trop lourds, voire jugés «inhumains» ! C’est beau, c’est stimulant, c’est émoustillant ! Ce faisant, on a utilisé des termes joyeusement émotionnels de «terroristes» ou même de «nazis» vis-à-vis de certains bailleurs de fonds.
Mais la crise financière grecque ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été «découverte» en 2009 par le socialiste Papandreou, après cinq ans d’un gouvernement de droite (!) qui avait systématiquement falsifié le déficit budgétaire du pays pour pouvoir… emprunter plus ! En 2009, le déficit budgétaire est donc de 12,7 % du PIB et la dette du pays à plus de 300 milliards (121 % du PIB).
S’ensuivent huit plans d’austérité et au moins trois nouveaux plans d’aide internationale (110 milliards d’euros de prêts nouveaux en mai 2010, 100 milliards en octobre 2011 et 237 milliards en février 2012, sans compter celui qui est discuté ces jours-ci). De plus, diverses initiatives sont prises pour réduire les dettes ou les effacer en partie (par exemple, 100 milliards effacés en 2011 et la moitié de la dette privée, soit 107 milliards en 2012). Mais ces plans d’austérité ne seront jamais appliqués avec conviction et efficacité et le peuple grec a semblé privilégier l’esquive plutôt que le face-à-face avec la réalité du monde, au contraire des Irlandais, des Portugais, des Hongrois, des Chypriotes et même des Italiens. Il y a aussi le cas Islandais où on refusait d’utiliser l’argent public pour payer les mauvaises dettes des banques privées, où l’on mettait les banquiers responsables en prison et où l’ancien PM fut poursuivi en cour de justice pour décisions hasardeuses… Ils sont guéris !
Ce que l’on oublie dans cette farandole grecque incroyable, c’est d’identifier les vrais responsables et de reconnaître que les endettements colossaux accumulés, grâce à des mensonges, auront permis à la Grèce (et à bien trop de Grecs) de vivre largement au-dessus de leurs moyens pendant des années et de ne pas consacrer les efforts nécessaires à moins de corruption, à plus de travail, au sacrifice de la taxe et à la rigueur qui auraient permis au pays de s’en sortir ! Il y a eu des sacrifices certains depuis, avec 27 % de chômage, les soupes populaires en hausse et le PPP réduit au niveau de 1986, mais les privilèges (de l’armée, des partis politiques, de l’Église orthodoxe et de tant d’autres entités) et certaines attitudes demeurent intacts.
Par contre, c’est beaucoup plus facile de blâmer les prêteurs : ils ont des sous, ils ont une mauvaise image et de toute manière, leur métier c’est bien de prendre des risques, n’est-ce pas ?
Certaines leçons pour Maurice sont claires : on a intérêt à rendre les responsables d’emprunts nationaux démesurés et surtout de non-transparence et de falsification des comptes nationaux, responsables au criminel, après avoir fixé des limites à ne pas dépasser (5 % de déficit de Budget ?, 60 % du PNB pour la dette nationale ?). C’est une très mauvaise idée d’emprunter plus pour rembourser, surtout si on n’a pas l’intention de changer son train de vie d’un iota. Il n’est pas possible de toucher un 14e mois de «bonus» alors que son employeur (comme les casinos) fait des pertes. Il faut éviter les grèves et les congés inutiles. Il est tout à fait malsain de créer des précédents trop lourds à porter pour les contribuables du futur (par exemple en garantissant trop de mauvais investissements ou d’emplois destructeurs de valeur). Il faut récompenser l’effort, la productivité, le succès. Décourager, voire pénaliser, le gaspillage, la paresse, le je-m’en-foutisme. Ce serait porteur de favoriser la méritocratie objective plutôt que la «médiocrisation» au motif de loyauté, une démocratie vivante, la formation permanente et exigeante, le respect des institutions, des citoyens qui s’assument…
Les Grecs ont posé les bases de la démocratie moderne et semblent penser, qu’à ce titre, on leur «doit» plus qu’à d’autres et qu’il faut, dès lors, que la volonté exprimée dans leurs votes soit prise en compte… par tiers ! Que je sache, ce qui se décidait à l’agora sous Solon ou Périclès ne pouvait s’imposer à Sparte ? Le nouveau Sparte, d’ailleurs, représente 350 milliards d’euros, soit presque 160 % du PNB et grossit par 23 milliards d’intérêts par an… et, à l’époque, a été accueilli plutôt que repoussé…
Les Grecs ont aussi largement contribué au développement de la tragédie, grâce à Sophocle ou Eschyle. Ils sont peut-être en train de renouveler le genre grâce au malheureux de circonstance, Tsipras… ?
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