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Un fan-club pour Maurice

11 juillet 2015, 07:38

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Un fan-club pour Maurice

Alors que poussent des fan clubs, j’aimerais aussi en proposer un. Pour notre pays, Maurice.

 

Pour lancer le club, je verrais bien le ministre Roshi Bhadain et son consultant Rama Sithanen assis côte à côte, à la table des négociations face aux redoutables Indiens. Au lieu des échanges acrimonieux par rapport à un mystérieux accord – déjà signé ! –, les deux conjugueraient leurs compétences dans l’intérêt général des Mauriciens et de notre avenir commun.

 

C’est notre sort : dépourvus de ressources naturelles, nous ne pouvons compter que sur nos ressources humaines. Or, après chaque élection, on coupe le pays en deux et on se refuse de mettre à profit le talent de cette seconde moitié.

 

Et l’histoire récente nous enseigne que nous ne devons pas avancer en rangs dispersés. Le déracinement illégal des Chagos et notre incapacité à revenir en arrière pour récupérer nos terres auraient dû nous avoir marqués à jamais – comme peuple. Mais triste est-il de constater que l’épisode de Lancaster House n’a pas, pour autant, rendu les négociations gouvernementales avec des puissances étrangères plus transparentes.

 

Après les Chagos, l’impression que des politiciens choisissent d’ignorer la population et son droit de participation à tout choix qui fixe son sort s’est amplifiée. Durant ces dernières années, des projets opaques, distillés au compte-gouttes avec des visières politiciennes, se sont discutés dans l’ombre. Comme Illovo et ses exemptions fiscales controversées ou la «world class city» de Highlands, au coût de Rs 100 milliards, qui n’est jamais sortie de terre malgré la promesse de Sithanen : «Pour la première fois depuis Mahé de Labourdonnais, nous allons construire une nouvelle ville qui aura la surface combinée de Quatre-Bornes et de Rose-Hill». En 2011, le projet a été abandonné pour «irrégularités». On ne saura jamais lesquelles...

 

Il vaut mieux ne pas parler des projets chinois à Riche-Terre, nommément Tian Li (pour lequel on nous avait annoncé, en 2007, 42 000 emplois et Rs 20 milliards d’investissement), qui est devenu Jin Fei (2009) et enfin Cin Cin. Aux questions des parlementaires, les mêmes qui aujourd’hui réclament la transparence sur le traité fiscal opposaient «une clause de confidentialité imposée par les Chinois» pour ne rien nous dire. Et jusqu’ici, ce sont les Mauriciens qui casquent pour les infrastructures déjà installées, qui sont livrées aux folles herbes et aux activités louches, à la faveur de la nuit…

 

Si on avait un fan-club pour Maurice, et que l’on jouait la transparence, les politiciens de tous bords concernés auraient pu aussi expliquer au public, d’une seule voix, pourquoi on a alloué 60 arpents aux Salines sans aucun appel d’offres. Neotown, dont la première pierre a été posée en mars 2010, nous avait été vendu par l’ancien PM comme étant «the waterfront integrated development project with, inter alia, the construction of a hotel, boardwalks and marine gardens, office buildings, entertainment facilities…» Du vent… Ce n’est que bien plus tard que le promoteur du projet, Patel Engineering, fera cet aveu : «The government changed its laws, went to cabinet and gave us land on lease for 99 years.»

 

Qu’il soit bien entendu que le fan-club de Maurice ne songe pas à partager des secrets (para) militaires de la SMF. Le fan-club souligne simplement que la simple décence humaine exige que la nation ne soit pas ainsi méprisée, parce que ceux qui aspirent à nous guider et à guider le pays règlent leurs comptes de politiciens ou songent à leurs intérêts, dont ceux de leur parti, financés sous la couette…

 

Dans notre cheminement pour un pays meilleur, avec ses aspirations à un «haut revenu», il s’agit de s’affranchir de «fans clubs» aux couleurs disparates et de réfléchir à celles du quadricolore. Est-ce possible ?