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Réussir la transition

23 juillet 2015, 06:59

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Outre les institutions – comme évoqué dans notre précédente édition – qui ne répondent plus aux ambitions affichées, Maurice souffre d’une pénurie de cerveaux dans divers domaines. Ce qui constitue un véritable obstacle dans le cadre de toute stratégie visant à accélérer la transition vers le statut de pays à haut revenu.

 

La présente situation de piétinement dans laquelle se trouve l’économie mauricienne nous permet de prendre pleinement la mesure de l’impact de cet état de fait. Le maintien du statu quo n’est certainement pas la meilleure solution car cela équivaudra à confiner le pays dans la catégorie des économies en développement.

 

Or, les plans du gouvernement, notamment du ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, sont clairs : le plein emploi d’ici à 2017 et un taux de croissance supérieur à 5 % à la fin de l’année financière 2015-16. Pour y parvenir, il faudra agir dès maintenant. Le cas échéant, la coalition gouvernementale – déjà en proie à des secousses internes, comme en témoigne la virulente sortie du vice-Premier ministre, Showkutally Soodhun, contre son partenaire du PMSD, Xavier-Luc Duval – ne fera que s’éloigner des objectifs fixés dans son manifeste. Avec les conséquences que nous pourrons bien évidemment imaginer, soit une accentuation des pressions socio-économiques.

 

Pour éviter un tel scénario et réussir la transition économique longtemps annoncée, les autorités devront intervenir sur deux fronts à la fois. La semaine dernière, nous avons évoqué la nécessité de remettre en question les structures décisionnelles dépassées, mais il n’y a pas que cet aspect à traiter en urgence.

 

Le manque de main-d’œuvre qualifiée se dresse de plus en plus comme une barrière à l’avancement de plusieurs secteurs d’activité. D’ailleurs, le classement de Maurice dans le rapport  Ease of Doing Business, dont les dirigeants du pays s’enorgueillissent, soulève cette problématique. Son ampleur est telle qu’un sondage cité par la Banque mondiale révèle que 54 % des firmes – tous secteurs confondus – interrogées l’année dernière ont soutenu n’avoir pu recruter le nombre de candidats requis avec les profils recherchés.

 

Au fil des années, cette inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi est devenue structurelle. Elle exige donc une attention urgente afin de capitaliser pleinement sur les secteurs économiques existants et de faciliter l’émergence de nouvelles filières. La clé de toute initiative visant à trouver une solution à ce problème réside dans le système éducatif. Toutefois, pour y toucher, il faudra une volonté politique à toute épreuve. Les différents régimes qui se sont succédé à l’Hôtel du gouvernement ont été incapables de franchir le Rubicon sur ce dossier. Mais avons-nous le choix aujourd’hui ?

 

C’est la vitesse de notre action qui déterminera le rythme de la reprise. Déjà, plusieurs secteurs d’activité plafonnent, faute justement de compétences et de talents. Nous pensons plus particulièrement aux activités liées aux technologies de l’information et de la communication de même qu’à l’externalisation. Des études ont démontré que si rien n’est entrepris pour remédier à la situation, la pénurie de ressources humaines dans les Tic-BPO va s’accentuer sur les cinq prochaines années.

 

L’industrie manufacturière est logée à la même enseigne, n’arrivant pas non plus à trouver les ressources nécessaires, réduisant ainsi les perspectives de diversification ou encore de montée en gamme.

 

Sans un réservoir de talents répondant aux besoins du marché, Maurice continuera de retarder sa marche en avant vers une économie compétitive avec les risques que cela comporte.

 

L’installation d’un nouveau gouvernement au pouvoir est une opportunité de rupture. Pour cela, il est impératif de revenir à l’essentiel et de délaisser le terrain miné de la politique, car les prochaines consultations populaires ne sont que dans quatre ans et demi !