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Un pays qui glisse, qui glisse…
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Un pays qui glisse, qui glisse…
Dans quel pays au monde peut-on trouver un Directeur des poursuites publiques (DPP) qui jure un affidavit en citant du «hearsay» ? Voilà un homme de loi d’expérience, et supposément avisé, qui cite ce que lui aurait DIT le directeur des enquêtes de l’ICAC, notamment qu’il subissait des pressions des ministres Soodhun et Bhadain, jusqu’ici sans aucune PREUVE de ce qu’il avance, comme un enregistrement, par exemple. Mieux, l’avoué qui rédige cet affidavit laisse passer cela ! Presto, les mêmes deux ministres se pointent aux Casernes et parlent de faux affidavit et… devinez… cette affaire devient l’urgence principale des enquêteurs du CCID qui prennent, toutes affaires cessantes, des déclarations des officiers de l’ICAC, aux petites heures du matin! Ces officiers déclarent d’ailleurs n’avoir rien dit de la sorte et avoir toujours agi en toute liberté, bien sûr… Le «warrant» contre le DPP, signé par un magistrat… en congé, à 8 heures du matin, fait encore plus sourciller. Vous ne trouvez pas que cela sent le coup fourré? Le piège ? Bien bête celui qui s’est laissé prendre !
N’empêche que l’avidité avec laquelle certains veulent faire évacuer le DPP est spectaculairement inacceptable! Un DPP peut être un homme assumant ses responsabilités librement, même s’il commet quelques bêtises ! L’infaillibilité n’existe d’ailleurs pas, malgré la définition vaticane de 1870. On ne destitue pas, sous la clause 93 de la Constitution, un DPP parce qu’il ne s’est pas imposé un devoir de réserve pour représenter les intérêts de son épouse au ministère des Terres. Même s’il aurait dû, alors, rester en retrait ! On peut, encore moins, l’épingler sous l’article 13 (2) du Prevention of Corruption Act (PoCA), puisqu’il n’a pas pris de décision, ni participé dans la prise de décision ( «did not take part in the proceedings» ) concernant le coût du bail retenu à Rs 45 000 en 2011. L’article (9) du PoCA, au vu du paragraphe 15 de l’affidavit de l’ICAC de mercredi, ça, c’est vraiment moche , même s’il n’y a eu, a priori, ni «violence» , ni «threat» caractérisé ! On voudrait, par contre, l’évincer parce que, en homme libre, il pourrait ne pas être ce qu’il y a de mieux pour les démêlés avec la justice de certains au MSM ! Pensez Pravind Jugnauth, Prakash Maunthrooa, Showkutally Soodhun…
Dans ce pays de plus en plus fou et qui se dégrade à grande vitesse, on joue encore l’image et l’intégrité de l’État et de ses institutions sur la thèse que si votre parent (ami ou connaissance?) est associé à l’adversaire politique, vous êtes, obligatoirement, à la solde de son parti ! Si c’était stupidement aussi vrai que cela, comment alors avoir JAMAIS des institutions indépendantes? Ne court-on pas le risque d’avoir, à chaque changement de gouvernement, à déraciner tous ceux qui sont en place pour délit de contact douteux avec les (nouveaux) proscrits, pour les remplacer par «nou bann» , avec qui se sentir en phase ? Ce qui ne pourrait, en fin de compte, qu’assurer l’alternance PARTISANE à la tête de toutes nos institutions, pourtant souhaitées indépendantes ! Et si c’était aussi cyniquement prévisible que cela, pourquoi le DPP a-t-il blanchi Madame Hanoomanjee dans l’affaire MedPoint sous un gouvernement travailliste ? Ou gêné Ramgoolam sur la question de l’immunité du président de la IIe République ?
On se fout de nous ! On se joue de nous! On délire ! En «nettoyant» de cette manière, on va finir par nous pourrir l’esprit jusqu’à la racine, d’autant que le produit utilisé, comme certains pesticides, est parfois encore plus nocif que ce qu’il est censé éradiquer ! Réfléchissons ! Nous avons dit au reste du monde depuis sept mois que notre ex-Premier ministre, nos régulateurs principaux (Financial Services Commission et Banque de Maurice dans l’affaire BAI), plusieurs de nos ex-ministres (Bachoo pour les routes fissurées, Gowressoo affirmant être une « poupet »), plusieurs de nos hauts fonctionnaires (la dernière étant Roshnee Bissessur du Valuation Office), la police, la MRA et l’ICAC n’étaient pas fiables; ces trois derniers le démontrent en ne faisant que maintenant de grandes enquêtes sur ceux qui ne sont PLUS au pouvoir. Pour exorciser ces tares, on ne pouvait que trancher dans le fatras et faire différemment, mais on fait pareil: on nettoie ainsi les autres et on se salit soi-même avec des nominations de favoris, des institutions noyautées ou influencées, du non-respect pour les procédures établies et des contre-pouvoirs quand ceuxci entravent, peut-être, des ambitions de succession franchement bien éloignées de celles de la nation. Ce n’est certes pas nouveau, mais ce que nous promettait Lepep c’était un pays changé ou, par exemple, «tout citoyen sera libre de démontrer publiquement son appartenance politique sans crainte de sanction, de discrimination ou de harcèlement de la part du gouvernement» (Manifeste électoral, page 8, 12e commandement)
Allons donc !
«Est-ce (bien) ainsi que les hommes vivent? » (Louis Aragon, comme chanté par Léo Ferré)
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