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Mauvaise réponse !

La réplique cinglante donnée par SAJ – «Mo vwayaz pa konsern personn, li konsern mwa» – suite à une question d’une journaliste de l’express va au-delà de l’anecdotique langage d’un Premier ministre connu pour son absence de diplomatie. La réaction témoigne en fait d’une certaine mentalité de nos chefs du gouvernement et dirigeants, indépendamment des partis, qui, une fois qu’ils accèdent au pouvoir, ne se croient plus redevables envers la population et oublient qu’ils ont été élus par un peuple qui voulait une véritable cassure dans la manière de diriger d’avec le précédent régime.
Dans le cas du gouvernement Lepep, s’il y a eu allégeance envers cette nouvelle équipe en décembre dernier, c’est parce qu’après neuf ans de domination politique «ramgoolamiste», les Mauriciens ont voulu sanctionner l’arrogance du pouvoir, la mauvaise gouvernance et l’opacité dans la gestion des affaires du pays. Un pays où d’aucuns se sont cru, jusqu’à décembre 2014, propriétaires quand ils ne l’ont pas transformé en caverne d’Ali Baba avec ici la distribution des terres aux petits copains et là une partie de l’aéroport aux petites copines.
Au chapitre des voyages, combien de fois Ramgoolam n’a-t-il pas été critiqué, raillé, sur ses déplacements, surtout quand il faisait des crochets douteux par Londres avant de retourner au pays. Mais est-ce parce que Ramgoolam a fauté que ses successeurs peuvent justifier leur mauvaise façon de faire ? N’est-ce pas pour cette raison que les Travaillistes ont été bottés hors du pouvoir ? Et n’est-ce pas le gouvernement Lepep qui promettait un vrai sanzman ? D’où l’incompréhension de l’opinion publique qui espérait une certaine transparence dans la manière de faire de l’actuel Premier ministre. Mais voilà que celui-ci préfère l’agressivité, évitant ainsi de répondre à une question légitime sur son absence de trois semaines du pays. Si le ton rude du Premier ministre choque, c’est aussi parce que son entourage avait affirmé qu’il ne s’agissait de rien d’autre qu’un voyage privé alors que bruissaient des rumeurs sur sa santé.
Or, aucun Mauricien ne conteste le droit à un Premier ministre de prendre des vacances et d’aller visiter sa famille à l’étranger. La réflexion semble simpliste : si SAJ était parti en voyage privé, pourquoi a-t-il cru nécessaire d’entretenir le mystère en refusant de répondre à une question de la presse ? Quelles sont les raisons qui justifient le flou autour de l’absence d’un Premier ministre qui promettait, lors de la campagne électorale, une Freedom of Information Act – instrument nécessaire d’une démocratie contemporaine –, quand il ne disait pas tout simplement qu’un Premier ministre n’a pas de vie privée ? Ce nouvel épisode vient conforter la perception de l’implacable image vire qui tourne, tourne qui vire… les politiciens sont tous les mêmes.
Ainsi, il est facile, dans l’opposition, de causer, de donner des leçons et d’écrire de longues diatribes sur la bonne gouvernance. Mais une fois au pouvoir, l’amnésie prend le pas sur les promesses. Ne nous a-t-on pas dit que government is government and government decides ? Au final, au vu des sept mois au pouvoir, l’équipe Lepep donne raison à ceux qui ne voient, dans l’alliance MSM-PMSD-ML, qu’un changement d’acteurs avec la même toile de fond comme scénario. S’il est trop tôt pour faire un premier bilan de ce gouvernement, les actes et comportements de plusieurs des ministres et députés nous donnent, jour après jour, une idée plus claire de ceux qui sont aujourd’hui au sommet de l’Etat.
Ont-ils seulement conscience qu’en l’absence d’une opposition parlementaire solide, c’est la société civile qui, vigilante, veut jouer son rôle de chien de garde et qui prend son pouvoir d’opposition en main ?
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