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La clémence de Soodhun

31 août 2015, 08:16

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La clémence de Soodhun

L’initiative semble partir d’une bonne intention. Mais le gouvernement s’y prend de la mauvaise façon. Le ministre du Logement et des terres a annoncé qu’il va régulariser la situation de centaines de familles de squatters alors qu’il a déjà signé plus d’un millier de contrats pour l’octroi de terrains à des personnes en situation illégale. Le problème des squatters est complexe et il ne sera pas possible de le résoudre en un tour de main. Showkutally Soodhun devrait, dans ce cas au moins, éviter d’agir de manière spontanée et émotive.

 

Même le leader de l’opposition s’est montré raisonnable sur la question. Il s’est prononcé samedi, à sa conférence de presse, contre l’approche intempestive du ministre. Régulariser les squatters, c’est inciter d’autres à occuper illégalement les terres de l’État, prévient Paul Bérenger.

 

Showkutally Soodhun promet de régulariser la situation de 450 familles de squatters de la région de Port-Louis dans «les jours à venir». Il pense agir avec la même célérité dans les quatre coins du pays. «En sept mois, j’ai accompli mon travail pour cinq ans», s’exclame le ministre. Or, la règle d’or en la circonstance c’est justement d’avancer avec circonspection.

 

Il s’agit tout de même de traiter avec des familles qui ont commis un délit punissable par la loi. Tout faux-pas du gouvernement peut envoyer le mauvais signal et exacerber le problème.

 

D’ailleurs, loin d’être interprétée comme une opération exceptionnelle de solidarité, la clémence de Soodhun est perçue comme une disposition de l’État à cautionner un acte illégal. La posture du ministre a entraîné déjà d’autres cas d’occupation illégale des terres de l’État. Les régions touchées sont notamment Cité Malherbes, Bambous, Case-Noyale et celles se trouvant à la lisière de la capitale.

 

Ce serait tout autant dangereux de penser que la seule option dont dispose l’État est de recourir à la solution répressive. Le gouvernement peut également accroître les aides sociales destinées à ceux qui en ont besoin et qui sont prêts à faire des efforts pour avoir un logement décent. Bref, il faut une politique de responsabilisation du citoyen.