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Et si l’opposition jouait (enfin) son rôle…

2 septembre 2015, 07:02

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Et si l’opposition jouait (enfin) son rôle…

Autant l’image de ce gouvernement, largement plébiscité en décembre dernier, semble s’écorner huit mois plus tard, autant celle supposée représenter l’opposition ne gagne pas en crédibilité. À la veille de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale, peut-on s’attendre à ce que l’opposition parlementaire ­– tous partis confondus – se ressaisisse et comprenne que sa fragilité ne fait que profiter à un pouvoir éloigné de la politique de transparence promise, et dont certains agissements douteux ont montré que la vigilance s’imposait.  

 

Encore que, à la base, il serait salutaire que les citoyens sachent qui sont ceux qui font partie de l’opposition. Notamment après la visite des députés Lesjongard et Ganoo aux côtés du ministre Soodhun à Riambel. Les deux membres du Mouvement patriotique auront beau justifier cette virée par leur travail en faveur de leurs mandants, les Mauriciens gardent en mémoire l’appel de Kamano, du même parti, à l’heure de la campagne municipale quand celui-ci les incitait à voter pour le développement des villes… avant de préciser alors : «Tout comme un certain nombre de développements ont lieu dans le pays…»

 

Du coup, malgré le démenti d’un éventuel rapprochement MP-gouvernement, un épisode qui survient sur la toile de fond de la récente guéguerre Soodhun-Duval, l’industrie palabre s’est approprié cette histoire, faisant accroire un évincement du PMSD au profit de la bande à Ganoo dans les rangs de la majorité. Quand on vit dans un pays où l’on a assisté à d’indécentes sessions de koz koze entre un parti d’opposition et un gouvernement, dirigés par deux hommes qui n’ont pas hésité à mettre à mal notre démocratie pour tenter de sauver leurs intérêts, on peut comprendre ces Mauriciens qui n’accordent plus aucune foi à la parole politique. 

 

La rentrée parlementaire sera le baromètre pour mesurer le mood et l’attitude des uns et des autres. Bérenger – qui a jugé utile de démentir la rumeur, que lui seul a entendue, d’un rapprochement avec le MSM – et son désormais adversaire Ganoo gagneraient, au lieu de perdre leur temps (et le nôtre) à se traiter mutuellement de lâche, à mettre leur énergie ailleurs : en contre-interrogeant le pouvoir par exemple. Pareil pour le PTr dont les membres accordent une importance démesurée à ce qui est considéré comme l’affaire Osman après la présence du (seul) député rouge à la lecture de l’Economic Mission Statement de SAJ.

 

Des peccadilles qui décrédibilisent un peu plus une opposition dont l’ordre dispersé, déjà, rend service au gouvernement. Il importe donc que ses élus, trop occupés à gérer leurs batailles intestines, leurs guerres de leadership dans la première partie de l’année, avant les élections municipales (on connaît les résultats) suivies de trois mois de vacances, jouent enfin leur rôle de chiens de garde.

 

D’autant que les interrogations ne manquent pas. Que ce soit sur le plan de l’économie, après l’Economic Mission Statement du Premier ministre – dont la crainte citoyenne est qu’il ne dépasse pas le stade d’un beau discours – ou tout simplement vis-à-vis des engagements de l’Alliance Lepep. Où en sont le Freedom of Information Act, la réforme électorale ou encore le Declaration of Asset Act, loi à laquelle SAJ a fait référence la semaine dernière en promettant de faire de la lutte contre la fraude et la corruption une priorité de son gouvernement ?

 

Huit mois après le changement à la tête du pays, les attentes ne sont pas seulement au niveau du gouvernement, mais également envers une opposition qui a l’obligation de jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir, si tant est que l’on veuille faire avancer notre démocratie…

 

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