Ils n’ont pas peur de ne pas être aimés. Les principaux dirigeants du pays adoptent une posture qui bouscule l’inertie et la paresse. Ils répètent souvent qu’un pays ne réussit qu’à travers l’effort et la discipline.

Certes, ils ne vont pas s’attirer les faveurs des syndicalistes mais ils semblent néanmoins résolus à tenir un langage de vérité. Ces dirigeants insistent qu’il n’y a pas de baguette magique pour élever le niveau de vie d’une population. Seul le travail compte.

Inaugurant un atelier de travail au MGI, samedi, le Premier ministre a, dans un style qui lui est propre, mis l’accent sur la nécessité de l’effort. Il a dénoncé avec force «la culture de la paresse, la mentalité ABC». S’insurgeant contre les citoyens qui veulent à tout prix obtenir un emploi dans les institutions publiques ou parapubliques, il a rappelé qu’il n’y a pas de progrès sans effort.

Vishnu Lutchmeenaraidoo s’inscrit dans le même registre de vérité quand il prévient que la nation risque d’être prise au piège de la «gratification instantanée». Il a profité d’une rencontre avec la rédaction de l’express, jeudi, pour mettre la population en garde contre la tentation de se faire plaisir immédiatement plutôt que de cultiver la patience et multiplier les efforts.

Il y a plusieurs raisons qui ont contribué au penchant national pour le moindre effort. L’une d’entre elles tient à des pratiques telles que le clientélisme et le pistonnage qui n’encouragent pas l’effort. Mais le principal facteur expliquant la prédisposition à la paresse pourrait être lié à notre incapacité de déterminer, sur une base nationale, les salaires en fonction de la productivité au travail.

Aujourd’hui, à travail égal, un fonctionnaire touche un salaire plus élevé qu’un employé du secteur privé. L’écart risque d’ailleurs de se creuser avec la publication du PRB dans quelques semaines. En outre, le rituel connu comme les négociations tripartites vient compliquer une situation déjà fort injuste. Chaque année, l’État décrète des augmentations salariales qui ne tiennent nullement compte de la productivité au travail. Seuls les adeptes de la culture ABC (assizé bèze casse) en sont bénéficiaires.