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Hard landing ?
«Sur le front économique, il y a des raisons d’être inquiets. La perspective d’un relèvement des taux d’intérêt aux États-Unis et le ralentissement en Chine contribuent à nourrir les incertitudes et à accroître la volatilité des marchés». Ces mots prononcés par la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, sonnent le glas de tout espoir de reprise pour 2015.
Il aura fallu neuf mois pour que la planète se rende compte qu’elle est aujourd’hui confrontée à la me-nace d’un cercle vicieux. Réunis au Pérou, à Lima, pour l’assemblée générale annuelle des institutions de Bretton Woods, les décideurs économiques du monde entier – ministre des Finances et banquiers centraux – étaient aux premières loges lorsque le FMI a procédé à un énième charcutage de ses projections de croissance pour cette année. Le tout couplé au ton dramatique de la patronne du FMI reprenant une fameuse phrase du poète péruvien César Vallejo : «Mes frères, il y a encore fort à faire !»
Des propos qui, par la même occasion, laissent entrevoir un certain désarroi face à l’évolution de plus en plus incertaine de l’économie globale. Car souvenez-vous de ce que disaient les officiels du FMI en janvier : «La baisse des prix du pétrole, qui s’explique dans une large mesure par une augmentation de l’offre, donnera un coup d’accélérateur à la croissance mondiale (…) En 2015-16, la croissance mondiale devrait atteindre 3,5 % et 3,7 %...»
Trois mois plus tard, soit en avril, le rapport sur les perspectives de l’économie mondiale maintenait les prévisions de janvier, mais avec de nouvelles observations. C’est en juillet que la réalité des chiffres a commencé à entamer l’optimisme affiché en début d’année, d’autant plus que la croissance au premier trimestre était inférieure aux estimations initiales. Du coup, le fonds décide de revoir ses calculs et ramène ses projections à 3,3 %.
Le nouvel abaissement de ce mois-ci à 3,1 % est une indication claire que l’économie mondiale n’est pas près de sortir du bois. Et si ce taux de croissance devait se matérialiser, 2015 serait la plus mauvaise année en termes de progression du produit intérieur brut (PIB) depuis la récession de 2009. Pour cause, deux courants sont en train de s’affronter depuis quelques années déjà. Les pays émergents, d’un côté, qui assistent impuissants à une érosion de leur croissance. Celle-ci chute pour la cinquième année consécutive, passant de 7,5 % en 2010 à seulement 4 % cette année. En face, les pays dits avancés ont enregistré une progression moyenne de leurs activités économiques.
Pas de remède miracle donc pour sortir le monde de son état de léthargie mis à part les discours habituels invitant les dirigeants politiques à «affiner leurs recettes pour booster la croissance et réduire l’incertitude globale». Ce qui explique la prudence affichée pour 2016.
Maurice n’est pas mieux loti. Malgré les annonces, pour dire le moins, ambitieuses du ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, l’économie se dirige également vers un hard landing. À moins d’un miracle, la croissance pour cette année sera une fois de plus décevante. Statistics Mauritius, qui a également joué au yo-yo avec ses prévisions, table sur un taux de 3,6 %, alors que certains analystes n’écartent pas un autre coup de ciseaux à l’issue du dernier trimestre.
Madame Lagarde a raison : il y a de quoi s’inquiéter !
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