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«Pas d’avenir durable si on ne se défait pas des préjugés contre les pauvres...»

16 octobre 2015, 07:02

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La Journée mondiale du refus de la misère ou Journée internationale des Nations unies pour l’élimination de la pauvreté, célébrée le 17 octobre de chaque année et ce depuis 1987, a pour thème cette année Construire un avenir durable : S’unir pour mettre fin à la pauvreté et à la discrimination. Selon le rapport A/61/308 du Secrétaire général des Nations unies, cette journée «représente une occasion de reconnaître les efforts et les luttes des personnes vivant dans la pauvreté, une chance pour elles de faire entendre leurs préoccupations et un moment pour reconnaître que les pauvres sont à la pointe de la lutte contre la pauvreté».

 

Ces propos du Secrétaire général des Nations unies viennent ainsi rejoindre ceux du père Joseph Wresinski, initiateur de cette journée. Ils encouragent tous ceux qui se mobilisent pour donner plus d’ampleur à cette journée. Ils nous rappellent la place que doivent occuper les familles vivant dans la pauvreté pour la réussite de tout programme de combat contre ce fléau qui, ne l’oublions pas, est l’oeuvre des hommes et ne pourra être détruit que par les hommes.

 

REGARD DES AUTRES

 

Il est évident que nous ne pourrons construire un avenir durable sans d’abord nous défaire des préjugés dont les pauvres sont victimes et qui souvent empêchent leur intégration dans la communauté. Le regard des autres est autrement plus blessant et humiliant que les conditions dans lesquelles ils vivent. Il faut absolument changer cela.

 

Des familles habitant certaines régions, notamment les banlieues des grandes villes du Nord ou les poches dites de pauvreté du Sud, font l’objet de discrimination flagrante lorsqu’il s’agit d’emplois au sein de certaines institutions ou entreprises privées et publiques.

 

La pratique d’une forme de discrimination dont font l’objet des enfants des familles vivant dans la pauvreté dans certaines écoles peut s’apparenter à celle de la discrimination raciale. S’unir pour mettre fin à la discrimination est un des impératifs de la lutte pour l’élimination de la pauvreté partout dans le monde.

 

On ne peut non plus prétendre pouvoir construire un avenir durable sur un modèle de développement qui repose sur l’exploitation et l’exclusion. L’exploitation de la main-d’oeuvre, le non-respect des droits humains, le recours aux lois du marché avec pour seul objectif le profit et la privatisation des biens publics ont eu pour conséquence un sous-emploi chronique, l’approfondissement des inégalités sociales et l’amplification du phénomène d’exclusion.

 

S’ENGAGER RÉELLEMENT

 

D’autre part, l’exploitation débridée des ressources limitées de la planète et son impact négatif sur l’environnement, la production non contrôlée des gaz responsables de l’effet de serre générés par l’activité humaine provoquent des dérèglements climatiques, avec pour résultat des catastrophes écologiques dont les premières victimes sont les pauvres et les exclus.

 

Un dialogue politique global devrait aboutir à un changement de modes de production et de consommation, avec accent sur les énergies renouvelables pour diminuer l’émission des gaz à effet de serre, préserver l’environnement et faire reculer la pauvreté. Le consensus semble avoir été trouvé avec le concept du développement durable qui cherche à concilier croissance à long terme et préservation des richesses de la planète pour les générations futures. Nous ne pourrons qu’espérer que les pays qui sont les plus gros producteurs des gaz à effet de serre puissent mettre en pratique les recommandations des instances internationales afin que le développement durable devienne une réalité.

 

DÉVELOPPEMENT DURABLE

 

À la veille de la célébration de la Journée mondiale du refus de la misère, le Mouvement International ATD Quart Monde se félicite de l’adoption par les Nations unies des Objectifs de développement durable à atteindre d’ici 2030. Ces objectifs, pour la première fois, s’appuient sur les droits de l’homme. Ils lient étroitement les politiques qui visent à éliminer la pauvreté et celles qui visent à préserver la planète.

 

ATD Quart Monde constate non sans satisfaction que ceux-ci reprennent explicitement l’exigence de «ne laisser personne de côté» pour laquelle il se bat inlassablement depuis des années. Cette exigence nous vient des personnes et des familles qui, dans leur vie quotidienne et au milieu de difficultés sans nombre, refusent avec courage d’abandonner plus fragiles qu’elles.

 

Il nous appartient à tous maintenant de nous engager avec détermination, dans nos responsabilités respectives, à promouvoir la participation des populations en situation de grande pauvreté dans la mise en oeuvre, dans chaque pays, de ces Objectifs de développement durable.