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Scepticisme
Personne ne peut transformer une économie grippée en douze mois. Il est donc prématuré de dire, à ce stade, que le miracle économique annoncé par le pouvoir n’était qu’un mirage. Cependant, on constate que, tant chez les investisseurs que chez les ménages, la confiance n’est pas revenue. Il y a un sentiment que l’économie n’embraye toujours pas.
Les spécialistes, eux, entrevoient de timides éclaircies à l’horizon. Pas plus tard que lundi, la Banque centrale a publié ses prévisions de croissance pour l’année prochaine. Modérément optimiste, elle envisage un taux de 4,2 %, contre des estimations de 4 % faites par MCB Focus et 3,8 % par le FMI.
Le scénario de la BoM, même s’il se réalise, aboutira à des résultats qui sont très éloignés des objectifs ambitieux que s’est fixés le gouvernement. Le plan de relance économique Vision 2030 prévoyait une croissance de 5,5 % en 2017.
Au rythme actuel, Maurice pourra difficilement réaliser son rêve d’échapper au «middle-income trap» et devenir un pays à revenus élevés dès 2020.
Il y a un secteur qui semble progresser à la satisfaction des observateurs avertis. Il s’agit du tourisme. Analysant sa contribution remarquable à l’économie pour l’année en cours, la BoM indique que sa croissance sera de l’ordre de 6,5 % contre 4,1 % l’an dernier. Le pays a enregistré cette année une hausse significative des arrivées touristiques et ce succès est durable car il repose sur une politique intelligente de diversification des pays d’origine et des activités proposées.
L’expansion des services financiers et celle de l’industrie des TCI devront se poursuivre également, «propped up by sound fundamentals and sustained sector deepening», selon le MCB Focus.
Quant aux projets lancés après l’installation du nouveau gouvernement, ils décollent avec difficulté. Le seul qui donne des signes d’une gestation bien entamée est celui qui vise à faire de Port-Louis le plus grand port de la région. Les discussions avec Dubai Ports World sont pratiquement finalisées et Maurice devrait rapidement acquérir le statut de hub maritime entre l’Afrique et l’Asie. Les autres aspects du développement portuaire qui est envisagé avancent aussi.
En revanche, des doutes sont exprimés par rapport à deux chantiers annoncés avec flamboyance dans l’excitation de la victoire électorale de l’alliance Lepep en décembre dernier. D’une part, il y a de sérieuses interrogations sur la viabilité des Smart Cities en raison de la morosité affectant le marché de l’immobilier. De l’autre, l’économie océanique semble être un rêve qui s’évanouit à toute vitesse. Par manque de dynamisme de la part du ministère auquel elle a été confiée.
Le Premier ministre a parlé de 100 000 emplois. De ce fait, les grandes attentes suscitées sont légitimes. Ainsi, le gouvernement va devoir accélérer son programme économique pour vaincre le scepticisme grandissant dans l’opinion.
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