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Les fondamentaux à la loupe

9 décembre 2015, 10:15

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Un an déjà ! Cela fait une année depuis l’installation d’un nouveau gouvernement à la tête du pays. Une équipe qui se proclame du peuple. D’où le nom de la coalition. Mais après 12 mois de règne, des questions se posent quant aux réalisations du gouvernement eu égard aux promesses faites pendant la campagne électorale.

 

Si pour certains un bilan s’impose, pour d’autres il est encore trop tôt. Le mandat ne fait que commencer. Qu’à cela ne tienne, l’on prête l’intention au Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, de revenir sur la première année de l’Alliance Lepep au pouvoir. Un exercice qui, selon certaines sources, devrait se tenir d’ici à quelques jours. En attendant, un rapide coup d’œil dans le rétroviseur permet de voir à quel point les mois écoulés ont été tumultueux, notamment sur le plan politique.

 

Nous aurons certainement l’occasion d’y revenir mais entre-temps, ce sont les développements ou l’absence de développement sur le front économique qui intéressent la délégation du Fonds monétaire international (FMI) se trouvant actuellement dans l’île. La mission menée par le Dr Mauro Mecagni porte, en effet, un intérêt particulier aux fondamentaux économiques. Au-delà de la vision qui leur a été présentée par le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, les représentants du FMI passeront à la loupe les principaux indicateurs.

 

Déjà, ce qui saute aux yeux, c’est la capacité réduite, pour ne pas dire l’incapacité du gouvernement à investir. Avec une dette publique ayant gonflé de plus de Rs 20 milliards entre décembre 2014 et septembre de cette année pour atteindre Rs 256,83 milliards, l’État n’est plus en mesure de délier le cordon de la bourse. Qui plus est, avec une dette publique à 64,1 % du Produit intérieur brut (PIB), les autorités sont en infraction avec la Public Debt Management Act. À moins qu’elles ne décident de revoir cette législation, comme le réclame une aile au Trésor public, afin de se défaire de la contrainte de réduire le niveau de la dette à 50 % du PIB d’ici à 2018.

 

Cela dit, en s’enlevant cette épine légale du pied, les autorités se donneront certes une plus grande marge de manœuvre, mais elles se mettront à dos les institutions de Bretton Woods. Dans la foulée, il faudra également s’attendre à une dégradation de la note attribuée à Maurice par les agences internationales telles que Moody’s, avec les conséquences que nous pouvons imaginer.

 

C’est donc un véritable dilemme pour les pouvoirs publics. Entre la préservation des avantages associés au statut de bon élève et les impératifs d’investissements, l’État n’arrive plus à se décider. Cela, bien que certains observateurs, à l’instar de Gérald Lincoln, estiment que pour tirer le pays vers le haut, il faut s’endetter davantage.

 

Pour éviter d’affronter la question, le ministre des Finances croit avoir trouvé la solution : se tourner vers le privé. Or, l’investissement privé est en recul depuis plusieurs années, et il semble que ce n’est pas demain la veille qu’il va rebondir. D’ailleurs, certains promoteurs ont fait clairement comprendre que l’investissement se fera en fonction de la demande. Un principe sacro-saint lorsqu’il s’agit d’investir. Ce qui toutefois n’est pas pour plaire aux autorités qui piaffent d’impatience, ayant déjà annoncé la création de milliers d’emplois.

 

Les moteurs de croissance seront aussi sous l’œil du FMI. Le Dr Mecagni et son équipe ne manqueront certainement pas de nous dire si le pays dispose des moyens nécessaires pour parvenir à une croissance de 5 %. L’analyse de l’Article IV mission sur le niveau de l’inflation et le fait qu’il semble ne pas avoir été impacté par le taux de change est également attendue, surtout dans le sillage des débats sur la compensation salariale.