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Il faut de tout pour faire un monde
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Il faut de tout pour faire un monde
Al Afriqi, Al-Baghdadi, Donald Trump, Mamie Clown, Angela Merkel, Lady Gaga, sir Anerood, Menon Murday, Travis Kalanick et Caitlyn Jenner. Tous les goûts sont dans la nature. Le zéro de l’un peut être le héros de l’autre. Ces expressions courantes, des clichés à vrai dire, résument, dans une certaine mesure, notre propos du jour.
Dans le cadre du premier anniversaire de l’alliance au pouvoir, qu’on a célébré vendredi, nous avons voulu mesurer la cote de popularité de nos politiques (Gurib-Fakim, Jugnauth, Duval, Lutchmeenaraidoo, Bhadain, Soodhun, Bérenger et Ramgoolam, entre autres) à celle d’autres personnalités locales, évoluant dans d’autres sphères. Nous avons ainsi inclus dans cette liste de personnalités un homme qui n’est plus de ce monde, mais dont la présence imposante sur la Place d’Armes et dans notre histoire commune fait de lui un personnage incontournable : Mahé de La Bourdonnais (ancien gouverneur de l’île de France et bâtisseur de Port-Louis). La liste de ces personnalités non politiciennes comprenait également : JMG Le Clézio (l’écrivain nobélisé qui a des racines mauriciennes), Georges Ah Yan (l’infatigable travailleur social de Mahébourg), Ashok Subron (le syndicaliste qui s’essaie, quand il en a l’occasion, à la politique), Jack Bizlall (le militant engagé qui cultive un regard critique), Satyajit Boolell (le DPP qui tient tête au gouvernement et qui conserve jalousement son indépendance), Mario Nobin (le nouveau commissaire de police), Jane Constance (l’étoile mauricienne dont la voix nous donne le frisson), et Mamie Clown (l’un de nos plus burlesques animateurs de radio).
Et les résultats sont éloquents. En tête, l’on retrouve Mamie Clown, qui obtient 83 % d’opinion favorable – il fait le même score que Xavier Duval et se permet le luxe de devancer, pêle-mêle, sir Anerood, Mahé de La Bourdonnais, Jane Constance, Ameenah Gurib-Fakim, Jack Bizlall, JMG Le Clézio ! Si pour certains Mamie Clown n’est qu’un clown, pour d’autres, c’est LA personnalité de leur choix. Et en démocratie, chaque voix est égale et c’est souvent ce qui explique les choix biscornus que font les électeurs pour envoyer leurs représentants au Parlement.
Après avoir choisi ceux qui luttent contre Ebola en Afrique, le prestigieux Time Magazine a, cette année, opté pour Angela Merkel, décrétée personnalité de l’année 2015. Ce choix a été salué par la presse internationale, qui a surtout mis en avant la capacité de la chancelière allemande à «faire face» à la crise grecque, à celle des migrants et sa réponse face à la menace de l’État islamique. Time l’a qualifiée d’«actrice indispensable des questions européennes».
Mais savez-vous qui talonne Angela Merkel dans le classement de Time ? Il s’agit d’Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’État islamique et de Donald Trump, l’exubérant milliardaire américain candidat aux primaires républicaines, qui prône une politique ultranationaliste. Nancy Gibbs, la directrice de Time, a expliqué que le chef de Daech n’a pas été écarté du classement, du fait de l’impact qu’aurait pu avoir la nomination de ce dernier en tant que personnalité de l’année : «Rien n’est impossible. Nous avons désigné de grands méchants par le passé, dont des personnalités polémiques à l’instar d’Adolf Hitler en 1938 ou Joseph Staline en 1939.»
Dans le Top 10 du classement 2015 de Time, l’on retrouve d’autres personnalités comme le président iranien Hassan Rohani, le fondateur d’Uber Travis Kalanick, la star transsexuelle Caitlyn Jenner – anciennement Bruce – ou encorele mouvement citoyen «Black LivesMatter», né aux États-Unis en réaction aux violences policières contre les Afro-Américains. Ayant un goût prononcé pour la polémique, Trump, qui est, lui, perçu de Washington, DC, comme un clown «who is running as a joke», a laissé entendre : «Je vous l’avais dit, Time ne me choisira jamais comme personnalité de l’année, même si j’étais le grand favori. Ils ont choisi une personne qui est en train de détruire l’Allemagne», a-t-il tweeté.
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Une autre nomination surprise : celle de Lady Gaga, élue femme de l’année 2015 par Billboard. Alors qu’elle fêtera ses 30 ans en mars prochain, elle se dit ravie de pouvoir montrer aux femmes, mais aussi aux hommes, à quoi ressemble une femme dans sa trentième année. Malgré l’échec cuisant de son dernier album Artpop, sorti il y a deux ans, Lady Gaga est aujourd’hui portée par son retour en force dans la nouvelle saison d’American Horror Story, où elle est encensée par la critique. Sa devise : «On ne peut pas créer sans épiphanie.»
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«Dans un marathon comme la COP21, les derniers mètres sont les plus durs.» C’est le sentiment qui régnait hier au Bourget, à Paris, alors qu’on s’acheminait vers la fin des négociations pour arracher l’accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique (à l’heure où l’on bouclait le journal qui héberge cette ‘kronik’, les négociations serrées se poursuivaient). L’accord souhaite promouvoir une justice climatique. Les négociations multipartites peuvent se résumer ainsi : si tout le monde exige 100 %, chacun aura 0 %, comme cela a été souvent le cas avant la COP21. Le consensus démocratique où l’esprit de compromis exige que l’on s’accommode du choix de l’autre, surtout s’il a une perspective différente. Entre les Américains, Européens, Chinois, Indiens, Brésiliens, il y a une part d’égoïsme purement national, qu’on ne peut occulter. Et puis, cyniquement, il y a la question de l’argent qui fait tourner le monde. Les 100 milliards de dollars du Nord au Sud vont bénéficier à qui ?
Au final, une négociation, sur l’avenir de l’humanité, surtout quand elle implique 195 États, reste un vaste marchandage…
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